C’est, tout d’abord, un grand privilège de pouvoir encore assister à des matchs de football pendant la pandémie mais, comme tout dans nos vies, c’est aussi une réalité disparate de ce que nous avons connu.
Bien avant le coup d’envoi, la première chose que vous remarquez est l’intimité inhabituelle. Les rues environnantes sont quasiment désertes à part quelques vestes de sécurité haute visibilité rassemblant les absents. Les joueurs se promènent sans être dérangés tandis que les médias dispersent la petite section derrière les abris. Les rituels d’avant-match se poursuivent de manière belliqueuse, comme un présentateur hurlant dans les tribunes vides, dans ce qui ressemble rapidement à une répétition générale plutôt qu’à un véritable événement.
Une journée de match maintenant, c’est essentiellement comme voir la grande illusion dépouillée de ses os. Le sens du spectacle et les traces d’hystérie ont tous disparu jusqu’à ce qu’il ne reste que ces 90 minutes. Une fois que ce premier coup de sifflet retentit, mis à part les cris et les pantalons des joueurs, il y a peu de bruit du tout. Les moments de grand drame ne suscitent aucune réaction autre que celle des protagonistes eux-mêmes. Les exploits de génie qui seraient instantanément mémorisés et empreints d’émotion sont consommés plus tard comme des paquets phares. Il y a une énorme fortune à pouvoir encore être témoin de ces aspects de première main, mais il y a aussi un sentiment de culpabilité.