Parlez d’un accident de voiture législatif. Les plans ambitieux de l’UE visant à interdire la vente de nouveaux véhicules équipés de moteurs à combustion interne d’ici 2035 ont été contrecarrés après opposition de dernière minute de l’Allemagne, le moteur de l’industrie automobile européenne. Ce qui devait être une simple approbation par les ministres cette semaine des mesures convenues l’année dernière par les États membres et récemment approuvées par le Parlement européen a plutôt été reporté sine die. Non seulement l’Allemagne donne un terrible exemple aux autres pays tentés de prendre la législation en otage des intérêts nationaux, mais elle menace également la crédibilité de Berlin sur la transition verte et celle de l’UE. L’interdiction proposée par l’Union est un élément clé de son objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. Ce voyage s’est maintenant heurté à un obstacle.

Les dangers d’un climat changeant exigent un passage mondial des combustibles fossiles à des alternatives plus propres à une échelle et à un rythme jamais tentés auparavant. Il est nécessaire d’éliminer l’un des plus grands contributeurs à l’urgence climatique. Il y aura des compromis douloureux, y compris des pertes d’emplois dans les industries polluantes. Dans le cas de l’industrie automobile, les chiffres sont frappants: l’abandon des moteurs à combustion interne au profit des véhicules électriques pourrait entraîner une réduction de 40% des travailleurs, estime le directeur général de Ford, qui a vient de supprimer 3 800 emplois en Europe. Étant donné que l’industrie automobile traditionnelle de l’Allemagne représente un cinquième des revenus industriels du pays, il est facile de comprendre pourquoi ses politiciens peuvent être enclins, en particulier dans une crise du coût de la vie, à préserver les emplois dans l’une des industries les plus totémiques du pays.

Sans le soutien de Berlin, l’interdiction des moteurs à combustion ne passera pas. L’Italie, berceau de la Ferrari, soutient l’Allemagne. La Pologne a déjà déclaré son opposition à la loi, tandis que la Bulgarie a déclaré qu’elle s’abstiendrait. L’Allemagne insiste pour que la Commission européenne inclue une exemption pour les voitures utilisant des carburants dits électroniques, des carburants synthétiques à base d’hydrogène et de dioxyde de carbone. Les carburants électriques peuvent être utilisés par les moteurs ordinaires, ce qui pourrait signifier une bouée de sauvetage pour les fabricants traditionnels. Mais les e-carburants sont loin d’être la panacée qu’on leur présente parfois : ils sont chers, inefficaces et émettent autant de dioxyde d’azote que la combustion de combustibles fossiles, même s’ils sont techniquement climatiquement neutres.

Les constructeurs ne poussent pas non plus particulièrement les carburants électriques, au-delà de Bosch, le fournisseur de moteurs allemand considéré comme un retardataire sur la fabrication de batteries. Porsche veut continuer à utiliser des moteurs pour son modèle 911, et Ferrari a déclaré qu’elle envisageait – bien qu’elle ne s’y soit pas encore engagée – d’utiliser des carburants électriques. Mais d’autres constructeurs automobiles allemands et italiens, dont Volkswagen, Fiat et Mercedes-Benz, ont parié sur Les véhicules électriques pour l’avenir et ont fixé des dates pour l’élimination progressive de la fabrication traditionnelle de moteurs.

Luttes intestines entre les Allemands Coalition tripartite au pouvoir explique en partie comment l’impasse actuelle a été atteinte. Du point de vue de la productivité et du climat, les politiciens du pays doivent donner la priorité à l’énergie propre et trouver des moyens de faire face aux pressions qui en résultent. Mais la débâcle sur les moteurs souligne que, si l’UE figure parmi les leaders mondiaux dans la fixation d’objectifs en matière d’énergie propre, ceux-ci doivent maintenant être assortis d’actions concrètes pour les atteindre et atténuer les dommages collatéraux de cette démarche. Bruxelles doit également tenir compte de la pertinence des objectifs s’ils ne sont pas appliqués : la France a manqué son objectif d’énergie renouvelable à partir de 2020, le seul État à le faire, et la Commission n’a pas encore décidé si et comment lui imposer des sanctions. La transition vers la neutralité carbone d’ici 2050 sera diaboliquement difficile. Mais étant donné que les États membres ont convenu d’objectifs, il leur incombe maintenant de faire tout ce qui est en leur pouvoir pour les atteindre.

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