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Des représentants des industries de la musique, de l’édition et du sport ont présenté leurs arguments en faveur des blocages de sites pirates ordonnés par le tribunal au Canada. Les groupes interviennent dans l’appel de TekSavvy et soutiennent que le blocage de sites est l’une des rares options pour mettre fin à la violation rampante du droit d’auteur sur Internet.

Drapeau Du CanadaIl y a deux ans, les géants canadiens de la radiodiffusion Groupe TVA, Bell et Rogers ont poursuivi en justice le service IPTV pirate relativement petit GoldTV.

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Ce qui a commencé comme un simple procès en matière de droits d’auteur est rapidement devenu bien plus que cela. Le service pirate n’ayant pas répondu au tribunal, les titulaires de droits ont demandé une injonction pour obliger les FAI locaux à bloquer plusieurs noms de domaine associés.

Cette demande a rencontré le refus de certains FAI, mais en vain. À la fin de 2018, le Canada est devenu le premier pays d’Amérique du Nord à exiger d’un FAI qu’il bloque un site ou un service pirate.

Appel de blocage de site

Ce blocus est toujours en place aujourd’hui, mais le fournisseur d’accès Internet TekSavvy a continué à s’y opposer. L’entreprise a interjeté appel auprès de la Cour fédérale, qui est en cours. Cela a suscité l’intérêt de plusieurs tiers, qui veulent tous avoir leur mot à dire sur cette question importante.

Plus tôt ce mois-ci, le registre de domaine .CA et la CIPPIC ont déposé leurs interventions, affirmant que le blocage des injonctions violait la loi sur le droit d’auteur et la loi sur les télécommunications.

De l’autre côté du spectre, plusieurs titulaires de droits d’auteur ont également demandé au tribunal d’être entendu. Cette demande a été approuvée à la condition qu’ils déposent une soumission conjointe.

Les titulaires de droits d’auteur interviennent

TechTribune France a obtenu une copie du mémorandum, soumis au nom de la Premier League, de Music Canada et de la Publishers Association, entre autres. Comme prévu, ils soutiennent les efforts de blocage.

Dans leur soumission, les titulaires de droits d’auteur brossent un tableau sombre d’un Internet plein d’activités illégales. Cela inclut les sites et services pirates qui sont presque impossibles à arrêter. Le blocage de sites est l’une des seules options dont ils disposent pour contrer la menace.

«Les délinquants opèrent sous le couvert de l’anonymat, exploitent des sites et des serveurs de téléchargement et de diffusion en continu généralement à l’extérieur du Canada, bafouent les ordonnances des tribunaux et sapent la primauté du droit. Les demandes de retrait volontaire sont ignorées ou se détériorent en un jeu futile de coup de taupe », lit-on dans la soumission.

«Les demandeurs ont peu de moyens directs, voire aucun, d’exécuter les ordonnances judiciaires contre ces délinquants. Les ordres de blocage à mettre en œuvre par les fournisseurs de services Internet («FAI») sont l’un des seuls moyens disponibles pour perturber ces modèles commerciaux illégaux et d’autres. »

Pris isolément, ces commentaires ne feront pas grand-chose pour convaincre le tribunal, mais ils ne représentent qu’une introduction à une série d’arguments juridiques. L’appel de TekSavvy conteste la compétence du tribunal en la matière, mais les titulaires de droits estiment que cette critique est injustifiée.

L’ordre de blocage est conforme aux obligations des traités internationaux, contrent-ils. De plus, ils ne voient pas non plus la Loi sur le droit d’auteur comme une pierre d’achoppement.

Pas de neutralité du Net pour le trafic «illégal»

Il en va de même pour la neutralité du Net. La politique de neutralité du Net du Canada ne permet pas aux fournisseurs Internet de bloquer des domaines ou des types de trafic spécifiques. Cependant, les titulaires de droits d’auteur notent que cela ne s’applique pas au trafic «illégal».

«Bien que la portée précise de la neutralité du Net ne soit pas universellement convenue ou bien définie, il est clair que le consensus international est qu’elle ne fonctionne pas pour
protéger un comportement illégal.

«Rien ne permet de suggérer que le Canada a divergé à cet égard de juridictions analogues», écrivent les titulaires de droits d’auteur.

Le droit d’auteur l’emporte sur la liberté d’expression

Outre les questions de compétence, TekSavvy et d’autres intervenants ont également soulevé des préoccupations concernant la liberté d’expression, qui est un droit de la personne. Les titulaires de droits d’auteur, pour leur part, rétorquent que le droit d’auteur est également un droit de l’homme.

Ils ne croient pas que la liberté d’expression est en jeu ici, mais même si c’est le cas, le droit d’auteur pèserait plus lourd dans ce cas particulier.

«Même si les intérêts de la liberté d’expression étaient engagés, ce qui n’est pas le cas, ils seraient compensés dans ce cas par le préjudice à l’expression du piratage mondial massif des industries créatives.

«Les tribunaux du monde entier dotés de solides droits à la liberté d’expression ont constaté que les ordonnances de blocage ne violaient pas ces droits», ajoute l’intervention.

Sur la base de ces arguments et d’autres, les titulaires de droits d’auteur demandent au tribunal de confirmer la décision du tribunal fédéral et de maintenir les blocages en place. Il appartient maintenant au tribunal de passer en revue toutes les soumissions qui mèneront ensuite à une décision finale.

Quel que soit le résultat, l’affaire ne se limite plus uniquement au service GoldTV. Il déterminera si d’autres sites et services «pirates» peuvent également être bloqués à l’avenir, ce qui pourrait avoir un impact sur des millions de personnes.

Une copie de l’exposé des faits et du droit, soumis au nom des titulaires des droits d’auteur, est disponible ici (pdf).

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Berthe Lefurgey
Berthe Lefurgey est une journaliste chevronnée, passionnée par la technologie et l'innovation, qui fait actuellement ses armes en tant que rédactrice de premier plan pour TechTribune France. Avec une carrière de plus de dix ans dans le monde du journalisme technologique, Berthe s'est imposée comme une voix de confiance dans l'industrie. Pour en savoir plus sur elle, cliquez ici. Pour la contacter cliquez ici

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