Les autorités canadiennes avertissent les opérateurs du risque potentiel d’interférence avec les radioaltimètres provenant des réseaux de communication 5G, suite aux enchères d’une partie du spectre de fréquences.
Le régulateur du spectre du pays, ISDE, met aux enchères la bande 3,45-3,65 GHz en juin et permettra aux systèmes sans fil mobiles de fonctionner dans la bande adjacente 3,65-4 GHz en 2023.
Mais ces fréquences sont proches de la bande 4,2-4,4 GHz utilisée par les radioaltimètres, qui fournissent une mesure directe de la hauteur de l’avion au-dessus du sol lors de l’approche et d’autres phases de vol à basse altitude.
L’organisation d’orientation réglementaire basée aux États-Unis, Radio Technical Commission for Aeronautics, a produit une analyse des interférences 5G en octobre de l’année dernière, après que l’industrie aéronautique a fait part de ses préoccupations à la Federal Communications Commission des États-Unis lors du processus de déploiement de la 5G.
La RTCA a déclaré que son évaluation comprenait le test de «nombreux modèles de radio-altimètres représentatifs» pour déterminer leur tolérance aux interférences 5G et l’examen de «plusieurs scénarios opérationnels réels» pour les aéronefs civils dans lesquels de telles interférences pourraient affecter directement la sécurité.
Il conclut qu’il existe un « risque majeur » que les systèmes 5G utilisant la bande 3,7-3,98 GHz « provoquent des interférences nuisibles » aux radioaltimètres sur « tous types » d’avions civils – y compris ceux qui exploitent des services commerciaux.
« Les résultats de l’étude réalisée indiquent clairement que ce risque est répandu et a le potentiel d’avoir de larges impacts sur les opérations aériennes », ajoute-t-il.
Les avions de transport aérien commercial, dit-il, peuvent être impactés par la 5G à des altitudes allant jusqu’à 4 000 pieds et à des distances d’un peu plus de 0,4 nm d’une station de base 5G. Il indique qu’une atténuation adéquate pourrait être obtenue par des déploiements de stations de base qui tiennent compte des trajectoires de vol de départ et d’approche.
Mais l’analyse montre un impact opérationnel «beaucoup plus large» pour l’aviation régionale, d’affaires et générale, avec des niveaux d’interférence dépassant les limites de tolérance sur la majorité de la plage d’altitude pertinente de 2 500 pieds, à toutes les distances latérales testées de la station de base.
La RTCA a également découvert que l’impact ne se limitait pas seulement aux émissions intentionnelles du système 5G dans la bande 3,7-3,98 GHz, mais également aux émissions parasites de ces systèmes dans la bande protégée 4,2-4,4 GHz.
Transports Canada dit avoir été attirée sur les conclusions du RTCA concernant la perturbation de certains radioaltimètres, notamment à des hauteurs inférieures à 1 000 pieds, et émet une alerte de sécurité de l’aviation civile pour sensibiliser au risque potentiel.
Il recommande également des mesures d’exploitation préventives avant la confirmation des effets possibles.
« Le résultat le plus indésirable des interférences est l’indication d’informations de hauteur erronées non détectées fournies par le radioaltimètre », indique-t-il.
« Selon les opérations, le modèle d’équipement et le type d’avion, ce type d’erreur pourrait avoir des effets négatifs importants sur la sécurité des vols. »
Transports Canada a déclaré que les exploitants devraient rappeler aux passagers et aux équipages que tous les appareils électroniques doivent être transportés dans la cabine, sur eux ou dans les bagages. Si ceux-ci sont placés dans les bagages enregistrés, ils doivent être éteints et protégés contre toute activation accidentelle.
Tous les appareils personnels 5G transportés doivent être éteints ou réglés sur des modes de non-transmission, ajoute-t-il, et toute communication essentielle ou d’urgence doit être limitée aux appareils 3G ou 4G.
Transports Canada exhorte également les équipages à signaler dès que possible toute perturbation des radioaltimètres au contrôle de la circulation aérienne. Le service de navigation aérienne Nav Canada et ISDE doivent fournir des conseils sur la façon de signaler de tels événements.