Le lundi 2 mai, nous avons appris que Square Enix vendait ses studios de l’Ouest, dont Eidos, Crystal Dynamics et Eidos Montréal, au groupe suédois Embracer. A cette occasion, l’équipe éditoriale de JV vous invite à revenir sur cette décennie mouvementée entre l’éditeur japonais et ses productions occidentales, considérées comme « décevantes ».

résumé

  • La volonté de s’ouvrir à un nouveau marché
  • Une décennie tumultueuse pour Square Enix
  • Des attentes trop élevées vis-à-vis de l’éditeur japonais ?

Ce début d’année 2022 est définitivement marqué par la rédemption. Après que Take Two ait récupéré Zynga, que Microsoft ait mis la main sur Activision-Blizzard-King et que Sony soit devenu propriétaire de Bungie, il y a déjà eu suffisamment d’acquisitions pour irriter le secteur du jeu vidéo. Alors que le mois de mai ne fait que commencer, de nouvelles informations ont une fois de plus changé le paysage du jeu vidéo. C’est le lundi 2 mai que Square Enix a annoncé avoir vendu Eidos Montréal, Crystal Dynamics et Square Enix Montréal au groupe suédois Embracer pour 300 millions de dollars. La transaction devrait être conclue cet été.

La volonté de s’ouvrir à un nouveau marché

Tomb Raider, Deus Ex, Marvel... La Relation Compliquée De Square Enix Avec Ses Studios Occidentaux

Si l’annonce a eu l’effet d’un petit tremblement de terre dans le monde du jeu vidéo, c’est aussi pour le comble de cette vente. 300 millions de dollars pour trois studios de 1 100 employés et plus d’une cinquantaine de licences, ça ne semble pas beaucoup, surtout pour des franchises prestigieuses comme Tomb Raider, Deus Ex, Legacy of Kain, Thief, Sleeping Dogs… Encore plus si l’on compare ces chiffres avec d’autres acquisitions comme celle d’Insomniac (Marvel’s Spider-Man, Ratchet & Clank: Rift Apart…) de Sony en 2019 pour 229 millions, ou encore les 1,3 milliard de dollars dépensés par Embracer Group pour mettre la main sur Gearbox (Borderlands 3, Tiny Tina’s Wonderlands…). D’une part, nous devons nous rappeler qu’Eidos et Crystal Dynamics ont traversé des périodes assez compliquées au cours de la dernière décennie.

Tomb Raider, Deus Ex, Marvel... La Relation Compliquée De Square Enix Avec Ses Studios Occidentaux

Si nous remontons dans le temps En 2009, Square Enix a investi dans des studios de développement occidentaux avec l’acquisition d’Eidos, qui comprenait également Crystal Dynamics et IO Interactive. Suite à cette acquisition, le premier titre à émerger de cette collaboration n’est autre que Deus Ex : Human Revolution en 2011, le retour d’un grand nom dans la simulation immersive d’Eidos Montréal. Avec 2,18 millions d’exemplaires vendus dans le monde en novembre 2011, l’éditeur a qualifié les chiffres de vente de « résultats favorables ». Malheureusement, les choses tournent mal à partir du prochain jeu. En 2012, c’est au tour d’IO Interactive de lancer Hitman Absolution, ce qui a été une déception pour Square Enix car le titre ne s’est vendu qu’à 3,6 millions d’exemplaires au 26 mars 2013, en deçà des attentes initiales. Il en va de même l’année suivante pour Tomb Raider (2013), qui s’est vendu à 3,4 millions d’exemplaires dans le monde, le record de ventes le plus élevé de la franchise, mais n’a pas atteint les objectifs fixés par la société.

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Une décennie tumultueuse pour Square Enix

Tomb Raider, Deus Ex, Marvel... Square Enix'S Complicated Relationship With Its Western Studios

Les années à venir s’amélioreront puisque Thief 2014 aura des ventes « favorables » malgré sa mauvaise réception critique, tandis que Rise of the Tomb Raider, sorti en 2015, se portera très bien car le succès commercial du jeu est jugé satisfaisant par Square Enix. Parallèlement à la sortie de la nouvelle aventure de Lara Croft, Microsoft a également dépensé 100 millions de dollars pour rendre le titre exclusif à Xbox pendant un an. Un total qui met les choses en perspective compte tenu de l’acquisition de ces studios par Embracer Group. Malheureusement, les projets suivants auront plus de mal à s’imposer dans le paysage du jeu vidéo. Qu’il s’agisse de Hitman et sa formule épisodique ou de Deus Ex: Mankind Divided, 2016 sera une année décevante pour l’éditeur japonais du côté des productions occidentales. Si Shadow of the Tomb Raider parvient à relever la barre avec ses plus de quatre millions d’exemplaires vendus d’ici fin 2018, les années 2020 et la réalisation de la collaboration avec Marvel n’auront pas l’effet escompté.

Tomb Raider, Deus Ex, Marvel... Square Enix'S Complicated Relationship With Its Western Studios

Avec le lancement de Marvel’s Avengers en septembre 2020, Square Enix s’essaie à un service de jeu de style occidental avec une énorme licence pour soutenir son initiative. Malheureusement, le studio derrière le projet, Crystal Dynamics, ne se spécialise pas dans ce type de productions. En conséquence, le titre apparaît dans un état compliqué et manque de contenu au lancement malgré une campagne principale et un gameplay efficaces. Si le jeu est toujours opérationnel un an et demi plus tard, il continue de souffrir d’un manque d’activité qui l’empêche d’attirer un nouveau public. En novembre, Square Enix a confirmé que Crystal Dynamics « n’avait pas les compétences nécessaires pour travailler

« sur ce genre de productions, ce qui explique que « résultat décevant » et le fait que la vente du jeu « ont été inférieures à nos attentes et n’ont pas entièrement compensé l’amortissement des coûts de développement du jeu ». Malgré sa formule radicalement différente et la réponse positive de la presse et des joueurs, Les Gardiens de la Galaxie aura également des chiffres de vente que Square Enix considère décevants. Heureusement, le titre a récemment fait l’objet d’un fort regain d’intérêt du public grâce à sa sortie sur Xbox Game Pass. 

Des attentes trop élevées vis-à-vis de l’éditeur japonais ?

Tomb Raider, Deus Ex, Marvel... Square Enix'S Complicated Relationship With Its Western Studios

Après cette petite histoire vous aurez compris que Square Enix ne semble jamais se contenter des ventes de ses jeux occidentaux. L’une des raisons qui pourraient expliquer cette réaction est, tout d’abord, les grands espoirs que l’éditeur japonais a dans ses productions occidentales. Pour preuve, Yosuke Matsuda, président de Square Enix depuis juin 2013, a lui-même admis que les attentes de l’entreprise pour Tomb Raider (2013) étaient « extrêmement élevées ». En lisant que les ventes de jeux occidentaux sont décevantes, les joueurs se sont habitués au fait que l’éditeur japonais n’est jamais satisfait de ces titres. En ce sens, l’acquisition par Embracer Group d’Eidos, crystal Dynamics et Square Enix Montréal n’est pas si surprenante puisque cela s’est également produit avec IO Interactive en 2017. Après les résultats décevants de Hitman (2016), Square Enix décide de se séparer du studio danois, qui est ensuite racheté par ses dirigeants pour devenir indépendant, qui conservent eux aussi les droits de licence et de production de Hitman 2.

Tomb Raider, Deus Ex, Marvel... Square Enix'S Complicated Relationship With Its Western Studios

Pour comprendre pourquoi Square Enix a des attentes si élevées pour ses jeux occidentaux, il faut regarder les productions japonaises. Quand on voit que NieR Automata a dépassé les 5 millions de ventes en décembre 2020 tout en ne bénéficiant que d’un budget AA, c’est le jackpot pour l’entreprise.

Et bien que nous ne connaissions pas le coût exact du développement, la réalisatrice Yoko Taro avait laissé entendre que les développeurs n’avaient pas assez d’argent pour travailler sur un DLC important. Donc, s’il s’agit effectivement d’une production double A, nous pouvons estimer le budget à moins de 50 millions de dollars. C’est forcément un projet beaucoup plus rentable qu’un jeu AAA occidental qui a du mal à vendre des millions d’exemplaires rapidement. De plus, Square Enix semble récemment se tourner vers ce type de production avec des budgets plus raisonnables, souvent développés en externe, comme Babylon’s Fall, Stranger of Paradise Final Fantasy Origin, Valkyrie Elysium, etc. Ainsi, en cas d’échec commercial, les pertes sont moins importantes pour l’éditeur qu’un AAA, sur lequel il aurait beaucoup misé. 

Tomb Raider, Deus Ex, Marvel... Square Enix'S Complicated Relationship With Its Western Studios

Idem en ce qui concerne les jeux mobiles de l’entreprise, qui sont désormais l’une de ses principales sources de revenus. Un contenu d’autant plus rentable qu’il nécessite peu d’entretien et dépend d’une franchise forte comme Final Fantasy, Dragon Quest, Kingdom Hearts SaGa ou encore NieR. Un nouveau jeu gratuit mobile, Echoes of Mana, a récemment été publié sous la licence Mana/Senken Densetsu. Et si Square Enix a voulu essayer de créer de nouveaux jeux de service, il devrait également tenter de répéter le succès de Final Fantasy XIV, qui depuis sa refonte de 2013 n’a cessé d’attirer de nouveaux joueurs et constitue une source importante de revenus pour l’entreprise grâce à ses abonnements mensuels.

Depuis l’acquisition d’Eidos et de ses studios en 2009, Square Enix a tenté de sortir un jeu WESTERN AAA chaque année. Malgré plusieurs productions avec des ventes importantes comme Rise of the Tomb Raider, l’éditeur japonais n’a jamais vraiment été satisfait de l’accueil commercial de ces titres, peut-être à cause d’attentes trop élevées. Après une tentative décevante dans le monde des jeux de service avec Marvel’s Avengers, la société a finalement décidé d’arrêter le coût de la vente de ses studios à Embracer pour investir dans l’intelligence artificielle, le cloud et la blockchain. Un vœu qui s’aligne sur les paroles du Président de Square Enix qu’il a prononcées lors de ses vœux du Nouvel An. Maintenant, il reste à voir ce qu’Embracer fera avec le Tomb Raider récemment annoncé ou un possible Deus Ex 3 qui fait l’objet de rumeurs depuis un certain nombre d’années.

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Berthe Lefurgey
Berthe Lefurgey est une journaliste chevronnée, passionnée par la technologie et l'innovation, qui fait actuellement ses armes en tant que rédactrice de premier plan pour TechTribune France. Avec une carrière de plus de dix ans dans le monde du journalisme technologique, Berthe s'est imposée comme une voix de confiance dans l'industrie. Pour en savoir plus sur elle, cliquez ici. Pour la contacter cliquez ici

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