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La Cour de justice de l’Union européenne a rendu une décision très attendue sur le droit d’auteur qui clarifie si et quand les services en ligne tels que YouTube et Uploaded sont responsables du piratage des utilisateurs. La Cour constate que, en principe, ces services ne sont pas responsables en vertu du droit de l’Union. Cependant, cela change lorsque les services ont connaissance d’infractions spécifiques.
La plate-forme d’hébergement de fichiers Uploaded est confrontée à des problèmes similaires. Bien qu’il puisse être utilisé pour partager des fichiers légaux, certaines personnes choisissent de l’utiliser pour partager du contenu piraté.
C’est une épine dans le pied de plusieurs titulaires de droits, qui soutiennent que YouTube et Uploaded sont responsables des activités de contrefaçon de leurs utilisateurs. En Allemagne, cela a donné lieu à deux poursuites qui restent en suspens mais qui ont connu une percée aujourd’hui.
Le premier cas a été intenté par le producteur de musique Frank Peterson, qui a poursuivi YouTube et Google pour avoir rendu sa musique disponible sans autorisation. Dans le second cas, l’éditeur Elsevier a déposé une plainte contre la société mère de Uploaded, Cyando, l’accusant de distribuer des livres piratés.
La plus haute cour de l’UE se penche sur la responsabilité de la plate-forme
Les tribunaux allemands ont posé plusieurs questions à la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE), en sollicitant des orientations. En particulier, ils ont demandé si, et dans quelles conditions, les services en ligne font une « communication au public » lorsqu’il s’agit de fichiers et de vidéos piratés.
Il ne fait aucun doute que les téléchargeurs de ces fichiers « communiquent » avec le public. Mais les titulaires des droits d’auteur aimeraient étendre cela à YouTube et Uploaded, de sorte que ces sociétés peuvent également être tenues responsables.
Après avoir examiné les questions du tribunal allemand, ainsi que l’avis d’un avocat général, la CJUE a décidé qu’en principe, les services en ligne ne sont pas directement responsables du piratage des utilisateurs.
« En l’état actuel des choses, les opérateurs de plateformes en ligne ne font pas, en principe, eux-mêmes une communication au public de contenus protégés par le droit d’auteur mis illégalement en ligne par les utilisateurs de ces plateformes », écrit la Cour dans un communiqué.
Communication au public
C’est une bonne nouvelle pour YouTube et Uploaded, mais la Cour a également précisé qu’il existe des situations où les téléchargements d’utilisateurs peuvent être considérés comme une communication au public. Par exemple, lorsqu’un service contribue à une activité de contrefaçon en faisant plus que simplement mettre sa plate-forme à disposition.
« C’est le cas, entre autres, lorsque cet opérateur a une connaissance précise qu’un contenu protégé est disponible illégalement sur sa plate-forme et s’abstient de le supprimer rapidement ou d’en bloquer l’accès », écrit la CJUE dans son arrêt.
Il y a plus de situations où un service peut être considéré comme communiquant directement du contenu piraté au public. Par exemple, lorsqu’un service sait que les utilisateurs téléchargent du contenu piraté, mais ne prend pas les « mesures technologiques appropriées » pour arrêter cela.
Il en va de même lorsqu’un service « met à disposition sur sa plateforme des outils spécifiquement destinés au partage illégal de tels contenus ou favorise sciemment un tel partage ». C’est également le cas lorsque la plateforme dispose d’un « modèle financier qui encourage les utilisateurs » à partager des contenus contrefaits.
Exonération de responsabilité
La CJUE a en outre conclu que les services en ligne peuvent bénéficier d’une exception de responsabilité tant qu’ils ont un rôle passif et qu’ils n’ont pas connaissance d’activités de contrefaçon spécifiques.
« La Cour constate qu’un tel opérateur peut bénéficier de l’exonération de responsabilité à condition qu’il ne joue pas un rôle actif de nature à lui faire connaître ou contrôler les contenus mis en ligne sur sa plateforme.
Injonction
Enfin, la CJUE a conclu que le droit communautaire actuel n’empêche pas les tribunaux nationaux de refuser une injonction à l’encontre de l’opérateur d’un service qui n’a connaissance d’aucune activité illicite. Si une plate-forme est informée d’un contenu illégal mais refuse de prendre des mesures, des injonctions devraient être disponibles.
Le jugement, disponible en entier ici, fournit davantage d’orientations aux tribunaux qui doivent statuer sur des questions de responsabilité. Cependant, comme le montrent les réponses complètes ci-dessous, cela laisse encore beaucoup de place à l’interprétation.