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Le fournisseur d’accès Internet TekSavvy porte la bataille juridique sur la première ordonnance de blocage de sites pirates au Canada devant la Cour suprême. L’entreprise n’a aucune sympathie pour les sites pirates mais se sent obligée de défendre le rôle neutre des FAI et d’empêcher que la liberté d’expression ne soit violée.

Drapeau CanadienEn 2018, la Cour fédérale du Canada a approuvé la première ordonnance de blocage de sites pirates du pays.

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À la suite d’une plainte des grandes entreprises médiatiques Rogers, Bell et TVA, la Cour a ordonné à plusieurs grands FSI de bloquer l’accès aux domaines et aux adresses IP du service pirate IPTV GoldTV.

Peu d’opposition des fournisseurs d’accès Internet, à l’exception de TekSavvy, qui a rapidement annoncé qu’il ferait appel de la décision. L’injonction de blocage menace l’Internet ouvert pour faire avancer les intérêts de quelques puissants conglomérats médiatiques, a déclaré la société.

Après un long processus d’appel, la Cour d’appel fédérale du Canada a conclu plus tôt cette année que l’ordonnance de blocage peut rester en place. Selon la Cour, les injonctions de blocage de sites sont une option disponible en vertu de la loi sur le droit d’auteur et elles ne violent pas la liberté d’expression ou la neutralité du net.

Demande à la Cour suprême

La décision a été une déception pour TekSavvy, qui n’a pas encore abandonné le combat. Il y a quelques heures, Andy Kaplan-Myrth, vice-président des affaires réglementaires, a annoncé que son entreprise avait demandé à la Cour suprême du Canada d’entendre l’affaire.

Le FAI souligne que les enjeux sont trop importants pour ne pas faire appel. La société n’essaie en aucun cas de défendre les sites ou services pirates. Il veut simplement protéger le rôle neutre que les FAI jouent depuis des décennies.

« TekSavvy n’a aucune sympathie pour les sites violant le droit d’auteur. Ils ne devraient pas faire ça ; les titulaires de droits d’auteur doivent faire respecter leurs droits d’auteur. Notre opposition vise à protéger le rôle neutre des FAI, qui fournissent les tuyaux et transportent les bits », Kaplan-Myrth Remarques dans une série de tweets.

L’ordre de blocage s’applique à tous les grands fournisseurs Internet au Canada, mais TekSavvy est le seul à le protester activement.

Pente glissante

TekSavvy avait précédemment averti que l’ordre de blocage pourrait ouvrir les vannes à des demandes similaires ou de plus grande envergure. Et en effet, moins d’un mois après la finalisation de l’appel, les titulaires de droits étaient de retour devant le tribunal pour exiger de nouvelles mesures de blocage.

Cette décision a surpris le FAI, car il n’avait pas encore abandonné l’affaire d’origine. Mais cela a confirmé les craintes de « pente glissante ».

« C’est la pente glissante contre laquelle les défenseurs de la neutralité du net mettent en garde : bloquer un petit nombre de sites sous surveillance judiciaire (GoldTV) et passer ensuite au blocage d’un nombre illimité de sites à la demande sans surveillance », commente Kaplan-Myrth.

Avec sa demande à la Cour suprême, TekSavvy est le seul FAI à prendre position. Cela est en partie dû aux conflits d’intérêts dans l’industrie des télécommunications. Par exemple, Bell et Rogers sont liés à la fois aux demandeurs et aux défendeurs dans cette affaire.

Questions cruciales

Avec la demande, TekSavvy demande à la Cour suprême de faire la lumière sur deux questions cruciales.

1. La Cour fédérale peut-elle exercer sa compétence d’equity pour rendre une ordonnance de blocage de site dans le cadre de procédures engagées en vertu de la Loi sur le droit d’auteur?

2. Si une ordonnance de blocage de site est un recours disponible, quel cadre d’analyse régit son utilisation, et comment ce cadre doit-il rendre compte de l’impact d’une telle ordonnance sur la liberté d’expression ?

TekSavvy estime que le blocage de sites ne devrait pas être utilisé comme remède car il n’est pas spécifiquement mentionné dans la loi sur le droit d’auteur. Mais, si c’est une option, des directives claires sont nécessaires pour protéger la liberté d’expression.

Kaplan-Myrth espère que TekSavvy aura l’occasion de développer ces questions si la Cour suprême décide d’entendre cette affaire.

Cela est bien nécessaire, note-t-il, car on ne peut pas faire confiance à des entreprises comme Bell et Rogers en tant que gardiennes de l’Internet ouvert.

Une copie du mémoire de TekSavvy à l’appui de sa requête en autorisation d’appel et de la Cour suprême est disponible ici (pdf)


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Violette Laurent est une blogueuse tech nantaise diplômée en communication de masse et douée pour l'écriture. Elle est la rédactrice en chef de fr.techtribune.net. Les sujets de prédilection de Violette sont la technologie et la cryptographie. Elle est également une grande fan d'Anime et de Manga.

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