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Il y a près de cinq mois, l’invasion russe de l’Ukraine a commencé par des missiles et des frappes aériennes sur la capitale du pays, Kiev, suivis d’une incursion terrestre de troupes provenant de plusieurs directions. Avec lui, un tsunami de désinformation et de « fausses nouvelles » s’est déroulé. Néanmoins, ce n’est pas un phénomène nouveau.
Au cours des dernières années, une vague sans précédent de désinformation, de mésinformation et de « fausses » nouvelles a envahi les actualités télévisées, les émissions, les journaux et, surtout, les chaînes et plateformes en ligne. La pandémie de Covid-19 a considérablement exacerbé une telle tendance à la hausse, avec l’apparition de l' »infodémie » du coronavirus, comme on l’a surnommée, avec des récits de complot et de désinformation diffusés sur une myriade de canaux en ligne, ainsi que dans divers formats numériques. Malgré l’endiguement du virus Covid-19 au-delà des frontières internationales, la diffusion massive de la désinformation n’a pas non plus diminué.
Avec le déploiement des répercussions de plus en plus catastrophiques de la diffusion de la désinformation, l’impact sur le public, et sur les jeunes en particulier, est en effet multiple. De contribuer considérablement à alimenter des sentiments et des récits polarisants, à exploiter les divisions existantes au sein de la société, conduisant dans certains cas à des processus de radicalisation, à fausser le comportement et l’opinion du public, à la fois hors ligne et en ligne.
Les jeunes, étant le premier utilisateur et donc le principal destinataire de l’information en ligne, sont considérés comme la catégorie la plus vulnérable à l’exposition à la désinformation. Plusieurs études ont démontré que les jeunes ont du mal à juger de la fiabilité des polices d’informations et par conséquent de la crédibilité des informations en ligne.
Face à un phénomène en pleine expansion et inquiétant, nous devons pleinement reconnaître que la désinformation n’est pas un problème national – diffusé à l’intérieur des frontières de certains États. Elle n’est pas non plus uniquement européenne, d’autant plus qu’elle transcende aussi les frontières linguistiques. La désinformation est un problème transnational. En tant que telles, les mesures préventives et de contre-mesures devraient être encadrées dans ce sens avec un accent particulier sur les jeunes.
Dans un projet conjoint entre la Fondation européenne pour la démocratie et la Mission américaine auprès de l’Union européenne qui a dévoilé le phénomène de la désinformation et son impact sur les jeunes, il a été souligné que les jeunes doivent être dotés de la capacité d’évaluer de manière critique la fiabilité et la crédibilité d’informations auxquelles ils sont exposés via les réseaux sociaux. De plus, ils doivent agir de manière responsable lors de la création et du partage de nouvelles en ligne.
Pour ce faire, l’éducation aux médias est considérée comme un outil fondamental qui fournit aux jeunes la compréhension nécessaire de la manière dont l’information et les médias en ligne sont produits, partagés et diffusés sur différents portails. Les décideurs politiques de l’UE doivent prendre des mesures pour mettre en œuvre l’éducation aux médias par le biais de programmes d’éducation numérique destinés aux étudiants des écoles et des universités. Ces programmes doivent être développés et appliqués tant au niveau national qu’au niveau de l’UE.
En outre, les décideurs politiques de l’UE devraient encourager les journalistes, sur la base du rôle fondamental qu’ils jouent en tant que sources d’informations essentielles, messagers et reporters d’actualités et d’informations, à donner aux jeunes les moyens de lutter contre la désinformation en vérifiant les faits sur le contenu des médias en ligne, et les aider à s’engager de manière critique avec les informations présentées en ligne.
Le récent contingent de problèmes sociopolitiques nous a fait prendre conscience de la rapidité avec laquelle la désinformation se répand et des répercussions menaçantes qu’elle crée à plusieurs niveaux, ainsi que des catégories d’individus.
Il est plus que temps que l’Europe joigne ses efforts à ceux des États non européens pour contrer et prévenir ce phénomène diffus, en donnant aux citoyens et aux jeunes les moyens de lutter contre les torrents de ce tsunami.