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Shanghai (AFP) – Toussant, gémissant et haletant, des patients âgés de Covid ont entassé mardi les couloirs des hôpitaux de Shanghai alors qu’une vague de cas de Covid-19 faisait rage dans la mégapole chinoise.
Dans deux hôpitaux de la ville, des journalistes de l’AFP ont vu des centaines de patients, pour la plupart âgés, allongés sur des civières dans des espaces publics alors que les urgences se remplissaient au-delà de leur capacité.
Emmaillotés dans des couvertures, des manteaux et des bonnets de laine, beaucoup étaient attachés à des perfusions intraveineuses, à des moniteurs cardiaques ou à des réservoirs d’oxygène, et avaient visiblement du mal à respirer. Quelques-uns ne semblaient pas totalement réactifs.
Dans un hôpital, l’AFP a été témoin d’un échange entre une femme et un homme plus âgé, tous deux se bousculant pour une perfusion.
« J’étais ici en premier, » dit-elle. « Je suis ici pour obtenir une aiguille aussi. »
Le mois dernier, Pékin a rapidement démoli les principaux piliers de sa politique zéro Covid, supprimant les verrouillages instantanés, les tests de masse et les quarantaines d’État en quelques jours.
Le renversement de trois années de restrictions radicales a suscité un soulagement dans tout le pays, mais a déclenché un torrent d’infections sur le système de santé inégal du pays et surchargé les salons funéraires et les crématoriums.
Même à Shanghai, l’une des villes les plus riches de Chine, la crise est aiguë. Environ 70% de la population de la mégapole – l’équivalent d’environ 18 millions de personnes – pourrait avoir attrapé Covid depuis le mois dernier, selon les médias d’État.
Souffrir en public
Dans une salle d’attente de l’hôpital de Huashan – situé à deux pas du site des manifestations anti-lockdown en novembre – une femme penchée sur un homme malade d’environ 80 ans, une profusion de tubes jaillissant de sa main émaciée.
À proximité, un jeune homme se tenait en sentinelle à côté du lit d’un autre patient âgé, le protégeant de la foule de passants.
À l’hôpital de Tongren, dans l’ouest de la ville, une femme d’âge moyen portant un masque facial a doucement soulevé un flacon vers les lèvres desséchées d’un homme branché à une bouteille d’oxygène.
À proximité, un travailleur médical portant des gommages bleus et une visière s’est occupé d’une femme aux cheveux gris portant un pull rouge alors qu’elle frissonnait sous une épaisse couverture.
Des médecins et des infirmières d’hôpitaux de plusieurs villes ont déclaré à l’AFP qu’ils continuaient à soigner des patients malgré des tests positifs pour le virus eux-mêmes.
À Shanghai, beaucoup ont également persévéré, laissant échapper une toux sèche occasionnelle alors qu’ils passaient d’un patient à l’autre.
La Commission nationale chinoise de la santé a annoncé le mois dernier qu’elle ne publierait plus les chiffres quotidiens des cas, et un décompte séparé tenu par l’organisme de contrôle des maladies du pays est largement considéré comme inexact maintenant que les mandats de test ont été supprimés.
Le pays a également réduit la définition de ce qui compte comme un décès de Covid dans un mouvement qui, selon certains experts, sous-estimera le nombre réel de décès dus à la maladie.
© 2023 AFP