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Un article du blog populaire Boing Boing est au centre d’un nouveau différend dans le procès pour piratage entre plusieurs grandes maisons de disques et le FAI Grande. L’article daté contient des allégations de pratiques commerciales de type extorsion par la société de suivi du piratage Rightscorp. Les compagnies de musique qualifient le blog de source « pro-piratage » peu fiable. Grande, quant à lui, note que l’article était suffisamment précieux pour être documenté par l’expert anti-piratage de Warner.
Il y a trois ans, plusieurs des plus grandes sociétés de musique au monde, dont Warner Bros. et Sony Music, ont poursuivi le fournisseur Internet Grande Communications.
Les maisons de disques ont accusé le FAI appartenant à Astound de ne pas en faire assez pour arrêter le piratage des abonnés. Plus précisément, ils ont allégué que la société n’avait pas licencié les contrevenants récidivistes.
Après plusieurs retards, le procès bat son plein, les deux parties essayant de convaincre le jury que leur version des événements est la bonne. Cela a déjà entraîné plusieurs conflits, notamment lorsque Grande a surpris les labels en présentant des témoignages sur des abonnés qui avaient auparavant nié les allégations de piratage.
Ces allégations de piratage, envoyées au FAI par l’équipe anti-piratage Rightscorp, sont au centre de cette affaire. Les labels soutiennent que Grande n’a pris aucune mesure significative en réponse aux avis, tandis que le FAI rétorque que les avis ne sont pas fiables et inexacts.
Article envoyé par e-mail à Boing Boing
Pour renforcer son dossier, Grande a informé les étiquettes d’un élément de preuve qu’elle avait l’intention de présenter au procès aujourd’hui. Le document en question est un e-mail envoyé par l’expert anti-piratage de Warner, Howie Singer, à lui-même, il y a plusieurs années. Le courriel contient une copie d’un article de blog publié par Boing Boing.
La copie n’est pas le problème ici; c’est le sujet de l’article qui est important. L’article couvre un script de centre d’appels de Rightscorp qui a fait surface lors d’un procès antérieur. Boing Boing a qualifié le scénario d' »extorsion terrifiante ».
Ces documents ont toujours fait partie des preuves de Grande, leur introduction n’est donc pas une surprise. Le problème réside dans l’affirmation des labels selon laquelle les présenter au jury aujourd’hui serait problématique. Dans une requête déposée au tribunal hier, ils demandent formellement l’exclusion des deux.
« Tout examen équitable de ces preuves révèle que le seul but de Grande en présentant ces preuves est de provoquer l’indignation du jury sur la base d’une mauvaise description incendiaire des pratiques commerciales de Rightscorp par une source médiatique hostile », informent les étiquettes au tribunal.
« Site Web pro-piratage ? »
L’article n’est pas pertinent car il ne dit rien sur la précision de la technologie de détection du piratage de Rightscorp. Au lieu de cela, il s’agit d’un article d’un « site Web tiers pro-piratage » qui traite d’autres aspects de l’entreprise, ajoutent les sociétés de musique.
« [T]La preuve BoingBoing n’est pas pertinente aux questions en litige dans cette affaire. La technologie de Rightscorp est en cause dans ce procès, mais pas ses méthodes commerciales, et certainement pas la manière dont un tiers hostile pourrait déformer ces méthodes.
« [T]Les preuves de BoingBoing devraient être exclues car il ne s’agit que de déclarations extrajudiciaires d’un site Web tiers favorable au piratage », insistent les labels, qualifiant les preuves de ouï-dire d’une source qui manque de fiabilité.
Peu de temps après que les sociétés de musique aient soumis leur requête, Grande a déposé sa réponse. Le FAI informe le tribunal que les labels ont précédemment tenté d’exclure l’article de la liste des preuves, mais la demande a été rejetée.
Les plaignants ne fournissent aucune preuve pour leur déclaration selon laquelle Boing Boing est un site pro-piratage, ajoute la réponse, tout en mentionnant qu’il s’agit d’un blog Web primé qui existe depuis plus de 30 ans.
Crédibilité de Rightscorp
Grande note en outre que les preuves ne concernent pas la véracité des déclarations de Boing Boing. Au lieu de cela, il est proposé de montrer que le propre expert anti-piratage de Warner en était conscient et l’a trouvé suffisamment important pour le documenter.
« Les preuves que les plaignants cherchent à exclure sont très pertinentes car elles montrent que les plaignants eux-mêmes ont reconnu que Rightscorp tentait d’extorquer les consommateurs », note Grande.
Les preuves de piratage de Rightcorp jouent un rôle crucial dans cette affaire, mais les labels n’ont jamais utilisé l’entreprise pour envoyer leurs propres avertissements. Au lieu de cela, ils ont acheté des données à Rightscorp ultérieurement pour soutenir leur propre campagne juridique.
Alors que les initiés de l’industrie de la musique tentaient auparavant de se distancier de Rightscorp, ils essaient maintenant de convaincre le jury que sa technologie de détection des violations du droit d’auteur est exacte. L’e-mail de Boing Boing ajoute de la couleur à cet argument, selon le FAI.
« Il serait extrêmement préjudiciable à la défense de Grande si la Cour permettait aux demandeurs de présenter ces arguments tout en empêchant Grande de montrer que les communications internes des demandeurs réfutent leur récit axé sur les litiges », déclare le FAI.
« Les plaignants ne peuvent pas présenter de manière affirmative les activités et le système de Rightscorp comme légitimes tout en supprimant les preuves qui montrent qu’ils savent que le contraire est vrai. Ces documents montrent que les plaignants savaient exactement avec qui ils s’associaient dans ce procès. »
Le procès doit se poursuivre aujourd’hui. Jusqu’à présent, le tribunal n’a pas encore statué sur ce dernier différend, mais la question pourrait être réglée à huis clos, sans aucun dossier public.
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Une copie de la motion in limine des maisons de disques est disponible ici (pdf) et la réponse de Grande peut être trouvée ici (pdf)