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TekSavvy a affronté de grandes entreprises médiatiques, dont Bell et Rogers, devant la Cour d’appel fédérale du Canada cette semaine. La Cour, qui doit décider si la première ordonnance de blocage de sites pirates du pays peut rester en place, a entendu les arguments des deux parties et des parties intervenantes, y compris le registre canadien des noms de domaine.
Il y a deux ans, les géants canadiens de la radiodiffusion Groupe TVA, Bell et Rogers ont poursuivi en justice le service IPTV pirate relativement petit GoldTV.
Ce qui a commencé comme un simple procès pour droit d’auteur s’est rapidement transformé en quelque chose de bien plus que cela. Le site pirate ne répondant pas, les titulaires de droits ont demandé une injonction exigeant que les FAI locaux bloquent le service.
Ordonnance de blocage de site du Canada
Avance rapide de quelques mois et le Canada est devenu le premier pays nord-américain à mettre en œuvre un blocus de fournisseur Internet ordonné par le tribunal contre un site pirate.
Ce fut une grande victoire pour les trois entreprises dont le projet de programme de blocage de sites pirates sanctionné par le gouvernement avait auparavant été refusé. Et, étant donné l’intérêt pour les commandes de blocage de sites dans le monde entier, ce n’était probablement que le début.
Appels TekSavvy
Alors que la plupart des FAI ont accepté la commande sans protester, TekSavvy a fait appel. Cet appel a suscité l’intérêt d’autres titulaires de droits et de tiers tels que le registre de domaine du Canada et la CIPPIC, qui ont tous décidé d’intervenir.
Cette semaine, la Cour d’appel fédérale a entendu les arguments des deux camps sur une période de deux jours. En raison de la pandémie de Covid, l’audience était virtuelle, les avocats de diverses parties faisant leur apparition via un appel Zoom.
Bloquer les adversaires
Le premier était l’avocat Justin Baxtor, qui représente TekSavvy dans cette affaire. Il a passé en revue les différents angles juridiques et où le blocage de sites se heurte à des problèmes avec la loi et la neutralité du net. Comme c’est souvent le cas dans les discussions sur le blocage de sites, la débâcle américaine SOPA a également été mentionnée.
Lorsque SOPA a fait l’objet de discussions aux États-Unis, des appels ont également été lancés pour le blocage de sites au Canada, note Baxtor. Fait intéressant, cependant, des entreprises, dont Bell, ont rejeté ces propositions à l’époque. Aujourd’hui, ils sont assis de l’autre côté de la table.
TekSavvy n’est pas la seule partie adverse. Lors de l’audience, il a reçu le soutien du registre de domaine du Canada CIRA et la clinique juridique de l’Université d’Ottowa CIPPIC. Les deux se sont prononcés contre les blocages de sites pirates imposés par le tribunal.
Blocage des supporters
De l’autre côté, Bell, Rogers et d’autres titulaires de droits, comme la Music Industry Coalition, ont défendu la décision de bloquer les sites et services pirates. Ils considèrent le blocage comme une mesure limitée qui vise étroitement les services qui enfreignent clairement le droit d’auteur.
Ils conviennent que le blocage de site n’est pas explicitement mentionné dans la Loi sur le droit d’auteur, mais notent que les tribunaux sont autorisés à émettre tout type d’injonction si les droits d’auteur d’une partie sont en jeu. La neutralité du Net n’est pas non plus un problème, tant que le tribunal approuve le blocus et qu’il cible le contenu illégal, affirment-ils.
Les titulaires de droits considèrent le blocage de sites comme l’une des rares options viables dont ils disposent pour arrêter les sites et services pirates. Par conséquent, il doit rester en place.
Les audiences de la Cour d’appel fédérale mercredi et jeudi ont mis en lumière ces problèmes et bien d’autres. Il appartient maintenant aux juges de décider si la mesure de blocage reste en place ou si elle doit être supprimée.
Commentaires de TekSavvy et de l’ACEI
TechTribune France a contacté Bell, qui n’a pas répondu à notre demande de commentaire. Le registre de domaine canadien, l’ACEI, a répondu. Bien qu’elle ne puisse commenter aucun détail, l’organisation souligne l’importance de ce cas.
«L’audience de cette semaine nous rappelle que nous sommes à la croisée des chemins pour Internet au Canada. Le blocage de différentes parties du Web est devenu un problème brûlant pour les tribunaux, les décideurs et les organismes de réglementation canadiens. Il est révolu le temps du Web «tout est permis» », déclare Byron Holland, président et chef de la direction de l’ACEI.
«L’ACEI estime qu’il y a des points de contrôle plus appropriés dans l’architecture d’Internet pour traiter la violation présumée du droit d’auteur que le blocage DNS. Le blocage ne doit jamais être utilisé lorsqu’une réponse plus proportionnée est disponible. »
Le vice-président des affaires réglementaires de TekSavvy, Andy Kaplan-Myrth, n’a pas été en mesure de répondre en détail. Cependant, il nous a fait remarquer une déclaration qu’il publié plus tôt cette semaine.
Certains affirment que TekSavvy s’enfonce les talons dans le sable pour défendre les pirates, mais Kaplan n’est pas du tout d’accord. Le FAI défend son rôle de transporteur neutre. S’il est nécessaire que les fournisseurs Internet contrôlent Internet, c’est le gouvernement qui devrait prendre cette décision, pas le tribunal.
«Nous défendons notre rôle de transporteur public. C’est la même position que toutes les entreprises de télécommunications défendent jusqu’à ce qu’elles en arrivent au point où elles deviennent plus intéressées par l’application de leur droit d’auteur que par la neutralité du net », a déclaré Kaplan.