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Critique de livre : « La vie facile », de Marguerite Duras

Commentaire

À 70 ans, Marguerite Duras publie, avec beaucoup de succès, « L’Amant », un roman autobiographique sur son éveil sexuel à 15 ans à Saigon, avec un homme plus âgé et riche. Elle avait fait allusion à cette défloration dans d’autres de ses nombreux romans, mais celui-ci a attiré le plus d’attention, lui a valu le prix Goncourt en 1984 et en a fait une sorte d’icône littéraire. Cela explique l’effervescence, dans certains coins du monde littéraire, suscitée par la publication le mois dernier de la première traduction anglaise du roman de Duras « La vie facile,» qui est initialement sorti en 1944, en français, alors que l’auteur avait 26 ans.

Parmi ceux qui sont enthousiasmés par la nouvelle vie du livre se trouve Kate Zambreno, une autofictionniste d’avant-garde qui a contribué à l’introduction de l’édition anglaise.

S’inspirant de son héroïne littéraire, Zambreno devient personnelle en expliquant son approche du livre : « Je prends des notes sur Duras avec mon sein encore sorti. Le père du bébé et sa sœur sont dans la cuisine, préparant du chocolat chaud, du tofu pour la soupe.

Avec une pile bien remplie de romans de Duras sur sa table de chevet, Zambreno a des informations sur le livre à partager : bien qu’elle ait été critiquée pour son « récit confus » et son « manque de contrôle », Gallimard a publié « La vie facile » (« La Vie Tranquille »), reconnaissant « une vraie voix d’écrivain ». Zambreno fait l’éloge de la nature fracturée du livre. C’est un style, dit-elle, qui deviendra la « marque de fabrique de l’auteur dans ses œuvres ultérieures – l’instabilité du point de vue, de son sens de soi, une femme seule dans une pièce, regardant un miroir, essayant à la fois de disparaître et de se retrouver .”

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Annie Ernaux écrit sur la douleur profonde avec une retenue froide

J’avoue que je n’avais pas lu Duras avant « La vie facile », alors je me suis préparé à un travail expérimental indiscipliné – une idée à la fois séduisante et rebutante. Ce que j’ai trouvé était en effet indiscipliné et inhabituel.

L’ouverture du livre m’a semblé presque comique, avec son torrent d’intrigue mélodramatique combiné à une absence totale de développement du personnage. Alors que le rideau se lève, le frère de la narratrice Francine, Nicolas, a tué leur oncle Jérôme parce que Francine a renversé la mèche sur la liaison de Jérôme avec la femme de Nicolas, Clémence. Dans la foulée, Clémence prend son envol, laissant son jeune enfant Noël aux soins de Francine. Nicolas renoue provisoirement avec sa propre autre femme de longue date, Luce, mais finit par se coucher sur les voies ferrées et se tue. Après sa mort, Luce vient après le propre petit ami de Francine, Tiène.

« Chaos, ennui, chaos », comme le résume le narrateur.

Pour ma part, je ne pouvais pas m’empêcher de me rappeler ce qu’ils avaient l’habitude de dire à la fin de chaque épisode de « Love of Chair », la parodie du feuilleton de l’Electric Company – « Et … et Naomi? »

Mais revenons à la soi-disant vie facile.

Dans la partie 2, Francine s’envole vers la plage pour absorber la lourdeur de tout cela. « C’est arrivé, la mort de Jérôme, mais Nicolas est mort aussi. Clémence est partie, Noël est abandonné. Mes parents sont devenus quasi-fous, finis. Mais elle commence à douter que ce soit vraiment sa faute après tout. Si c’était le cas, pense-t-elle, ne devrait-elle pas éprouver des remords ? En tout cas, le chaos et l’ennui continuent alors qu’elle regarde impassible depuis la plage lorsqu’un homme se noie dans la mer. Les gens de son hôtel sont tellement consternés par sa réaction plate face à la mort qu’ils la mettent à la porte !

Le célèbre point de vue instable fait surface dans la section des hôtels de plage. La narration commence à alterner entre la première et la troisième personne — « Ici, dans ma chambre, c’est moi. C’est comme si elle ne savait plus que c’était elle » — et ce qui semble être l’idée principale du livre émerge. « Si j’avais su qu’un jour j’aurais une histoire, je l’aurais choisie, j’aurais vécu avec plus de soin pour la rendre belle et vraie pour qu’elle me plaise. Maintenant c’est trop tard. »

Maintenant, elle est coincée avec cette histoire chaotique et ennuyeuse, avec laquelle elle jouera pour le reste de sa vie d’écrivain – des frères morts, des mères folles, la responsabilité peu claire de ses actes, le ressac constant de l’érotisme.

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Ceux d’entre nous qui lisent principalement pour échapper au chaos et à l’ennui ne sont pas le public cible de « The Easy Life ». Les lecteurs plus motivés intellectuellement et philosophiquement, et certainement tous ceux qui connaissent et aiment déjà Duras, devraient plonger dedans.

Vous pouvez espérer vivre une expérience similaire à celle décrite avec enthousiasme par les traductrices, Emma Ramadan et Olivia Baes, dans leur postface. « Nous avons canalisé l’ennui de Francine, son chaos, sa jeunesse et sa vieillesse inhérente. Nous nous laissons sentir tour à tour sa fatigue, son confinement et sa fragmentation. C’est ainsi que vous traduisez Duras : vous devenez l’un de ses rêveurs et dégénérés.

Moi, d’un autre côté, je reste un philistin et une graine de foin. Annie Ernaux pourra peut-être me guérir.

Marion Winik, professeur à l’Université de Baltimore, est l’auteur de nombreux livres, dont « D’abord vient l’amour, » « Le grand livre des morts» et, plus récemment, «Au-dessus de nous seulement le ciel.”

Par Marguerite Duras. Introduction par Kate Zambreno. Traduit par Emma Ramadan et Olivia Baes

Bloomsbury. 208 pages. Broché, 18 $

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Violette Laurent est une blogueuse tech nantaise diplômée en communication de masse et douée pour l'écriture. Elle est la rédactrice en chef de fr.techtribune.net. Les sujets de prédilection de Violette sont la technologie et la cryptographie. Elle est également une grande fan d'Anime et de Manga.

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