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L’automne dernier, une cour d’appel des Pays-Bas a statué que le fournisseur d’accès Internet Ziggo n’était pas tenu de transmettre des avertissements de piratage à ses abonnés. La décision a été un revers pour le groupe anti-piratage local BREIN, qui voulait avertir les téléchargeurs fréquents sans savoir qui ils sont. BREIN dit maintenant qu’il ne portera pas le différend devant la Cour suprême, ce qui pourrait en fait être une mauvaise nouvelle pour les pirates.
Le groupe néerlandais anti-piratage BREIN est à l’avant-garde de la lutte contre le piratage depuis le début du millénaire.
Pendant la majeure partie de cette période, le partage non autorisé via BitTorrent a été une préoccupation majeure. Traditionnellement, BREIN concentrait ses efforts d’application sur les opérateurs de sites Web, mais ces dernières années, il y a également eu une évolution vers les téléchargeurs.
Fin 2020, le groupe anti-piratage a annoncé un programme élaboré pour surveiller et avertir certains des téléchargeurs BitTorrent les plus actifs. Le but de ce stratagème « FLU » était de changer le comportement des pirates prolifiques, sans obtenir leur identité.
Le projet a reçu un financement de recherche du gouvernement, mais BREIN avait un obstacle majeur à surmonter. Contrairement aux FAI d’autres pays comme les États-Unis, les FAI néerlandais ne sont pas tenus de transmettre les avis de piratage à leurs abonnés.
Le FAI refuse de transmettre les avertissements
BREIN espérait que les fournisseurs Internet seraient disposés à coopérer, mais ce ne fut pas le cas. Lorsque BREIN a approché Ziggo, le plus grand FAI des Pays-Bas, avec une demande de transmission d’alertes de piratage à ses abonnés, la société a refusé de le faire.
Selon Ziggo, lier des adresses IP à des abonnés spécifiques soulève de sérieux problèmes de confidentialité, même si les informations personnelles ne sont pas partagées avec BREIN.
Le groupe anti-piratage n’était pas satisfait du refus et a poursuivi Ziggo en justice. BREIN a fait valoir que les avertissements sont une mesure relativement douce qui aiderait les titulaires de droits à résoudre le problème du piratage. Le système n’entraînerait pas non plus de réclamations pour dommages, car l’identité des pirates présumés resterait privée.
BREIN a perdu l’affaire l’année dernière. Le tribunal a estimé qu’il n’y avait aucune base légale pour obliger Ziggo à transmettre des avertissements. En outre, le FAI n’a pas de licence pour lier les adresses IP aux informations personnelles.
Cette issue est une déception pour BREIN qui fait appel du jugement, mais sans résultat. La cour d’appel a confirmé la décision du tribunal de première instance, notant qu’il n’existe aucune base légale pour exiger des fournisseurs d’accès Internet qu’ils transmettent les notifications.
Pas de contestation devant la Cour suprême
Ce fut un nouveau revers pour le groupe anti-piratage, qui envisagea de porter l’affaire devant la Cour suprême. Cependant, après avoir pesé les options disponibles, il a choisi de ne pas le faire, ce qui signifie effectivement la fin du programme FLU original.
Dans son dernier rapport annuel, le groupe cite les « coûts » comme principale raison de ne pas faire appel de l’affaire devant la plus haute juridiction.
« Compte tenu des coûts, BREIN a décidé de ne pas faire appel devant la Cour suprême », écrit BREIN. « Nous n’excluons pas que le projet FLU soit adapté à la forme classique d’exécution. Dans ce cas, une réclamation sera déposée si la convocation n’est pas entendue.
Après avoir passé des années à développer son plan de surveillance du piratage, BREIN laisse la porte ouverte à un schéma d’alerte révisé. Outre les investissements techniques, BREIN devait également obtenir une licence de traitement de données. Idéalement, il aimerait mettre cela à profit.
Les amendes pour piratage sont sur la table maintenant
BREIN adopte généralement une approche pragmatique et raisonnable. Cela a été illustré par son plan initial pour alerter ou avertir les téléchargeurs prolifiques, sans avoir à obtenir leur identité. Ironiquement, cette approche bénigne doit maintenant être reconsidérée après que le tribunal a déterminé qu’il n’y avait aucune base légale pour obliger les FAI à transmettre des avertissements.
« Nous pensons que les avertissements anonymes sont une forme d’application, mais Ziggo ne voulait pas le faire », a déclaré le directeur de BREIN, Tim Kuik, à TechTribune France.
« La cour d’appel a déclaré que nous devions pouvoir porter plainte devant les tribunaux en cas de non-conformité. Nous envisagerons donc d’adapter le protocole FLU à cela. Une réclamation pourrait être un engagement de cesser et de s’abstenir assorti d’une amende en cas de récidive.
En d’autres termes, BREIN envisage de déposer des réclamations plus concrètes contre les téléchargeurs prolifiques, car c’est la seule façon de les approcher. Dans ce cas, les contrevenants présumés seront identifiés, risquant une amende potentielle pour leurs méfaits.
Dossier Open Directory en attente
Pour le moment, on ne sait toujours pas quel type de demande est suffisant. Dans une affaire connexe, le tribunal avait précédemment décidé que Ziggo n’avait pas à transmettre d’avis ni à divulguer l’identité d’un abonné qui partageait 200 livres électroniques piratés dans un répertoire ouvert.
Cette affaire d’annuaire ouvert implique une réclamation, soutient BREIN, et l’affaire est actuellement en appel. La décision à ce sujet est attendue dans quelques semaines et pourrait apporter plus de clarté.
BREIN attendra probablement la décision dans l’affaire de l’annuaire ouvert avant de prendre toute autre décision concernant l’avenir des avertissements du téléchargeur BitTorrent. Dans l’intervalle, ses autres mesures d’exécution se poursuivront, bien sûr.