Pourquoi est-ce important: L’Europe mise sur sa propre expertise spatiale pour créer un nouveau réseau de communication libéré de l’influence d’Elon Musk (voire de la Chine). Ainsi, une nouvelle coalition est née avec l’objectif ambitieux de construire le réseau dans un délai très court.
En novembre dernier, le commissaire européen Thierry Breton a annoncé un projet de constellation de satellites capable d’assurer une couverture de communication mondiale. IRIS² placerait la nouvelle flotte de satellites en orbite terrestre basse, renforçant l’autonomie de l’Europe sur le marché des communications spatiales avec une « ambition claire et un sens de l’orientation ».
Aujourd’hui, un groupe de grandes entreprises européennes de l’espace et des télécommunications s’est formé un partenariat conçu pour répondre efficacement à l’appel à l’action de Bruxelles. Le « consortium ouvert » sera régi par Airbus Defence and Space, Eutelsat, Hispasat, SES et Thales Alenia Space, tout en s’appuyant également sur l’expertise spatiale apportée par les sociétés européennes suivantes : Deutsche Telekom, OHB, Orange, Hisdesat, Telespazio et Thalès.
Le consortium est formé dans le but de créer une « constellation de satellites de pointe » basée sur une architecture multi-orbite, qui sera interopérable avec l’écosystème de communication terrestre. Afin de minimiser les problèmes bureaucratiques et de promouvoir l’efficacité, une équipe intégrée avec les meilleurs talents sera également formée.
Le réseau IRIS² apportera une nouvelle infrastructure de connectivité sécurisée et résiliente aux gouvernements, entreprises et citoyens européens, souligne la coalition. Et tandis que l’initiative est promue par des acteurs spatiaux déjà établis, le consortium affirme qu’il encouragera les start-ups, les ETI et les PME à rejoindre le partenariat pour un marché spatial européen plus innovant et compétitif.
Avec IRIS², l’Europe investit 2,4 milliards d’euros (plus des fonds supplémentaires de l’Agence spatiale européenne et d’investisseurs privés) pour créer de nouveaux modèles économiques et fournir des services commerciaux afin de « réduire la fracture numérique entre les territoires européens », tout en augmentant la portée mondiale du Vieux Continent et compétitivité en tant que « puissance spatiale et numérique » à égalité avec les autres acteurs mondiaux.
En fait, la Commission européenne a estimé qu’elle devait éviter de s’appuyer sur l’initiative Starlink d’Elon Musk pour son propre réseau de communication spatiale sécurisé et résilient. La Chine est également en train de construire sa flotte de satellites, mais l’Europe ne peut pas emprunter la route asiatique si elle ne fait même pas confiance à la société américaine Starlink pour garantir sa propre autonomie et son indépendance.
Les plans de Bruxelles pour IRIS² estiment un coût total de 6 milliards d’euros pour achever le nouveau réseau spatial. Si tout se déroule comme prévu et que la nouvelle coalition parvient à surmonter les de nombreux obstacles posé par la structure fragmentée et controversée de l’Europe, la couverture mondiale de la communication pourrait être prête d’ici 2027.