Alors que la 5G atteignait 1 milliard de connexions fin 2022, GSMA Intelligence a commencé à évoquer la deuxième vague, la phase de croissance qui verrait la technologie atteindre 2 milliards de connexions puis 5 milliards d’ici 2030.
La première vague a été menée par un petit nombre de pays, mais la deuxième vague sera menée par un éventail d’économies émergentes au potentiel de croissance important. Parmi la liste des pays qui piloteront la deuxième vague de la 5G, l’Inde a un rôle majeur.
Représentant une connexion mobile mondiale sur huit et avec 65 % de sa population âgée de moins de 35 ans, l’Inde sera à l’origine d’une part importante de cette croissance, l’adoption de la 5G passant d’environ 1 % fin 2022 à environ 40 % d’ici fin 2030.
Bien que cette croissance puisse sembler difficile à croire, elle ne devrait pas l’être.
L’Inde dispose d’une infrastructure numérique solide et a connu une transformation numérique rapide ces dernières années, avec une population numériquement active. Environ 75 % des connexions mobiles de l’Inde sont déjà sur des réseaux 4G et l’engagement du pays à adopter de nouvelles technologies est démontré par le récent dévoilement du document de vision Bharat 6G, un point de départ pour les décideurs politiques et l’industrie pour concevoir, développer et déployer des technologies de réseau 6G. .
Il est donc impératif de comprendre quels facteurs jetteront les bases réussies de l’histoire de la croissance de la 5G en Inde.
Sur la base de nos données de marché existantes, des discussions avec les acteurs de l’industrie et des informations acquises lors du congrès ET Telecom 5G à New Delhi le mois dernier, l’histoire est assez claire.
En octobre 2022, l’Inde est devenue le 88e pays à introduire les services 5G. Alors que c’était quatre ans après la mise en service des premiers services commerciaux 5G au monde, l’Inde rattrape rapidement son retard en termes de déploiement de réseau et d’amélioration de la vitesse du réseau pour rattraper les 87 pays précédents.
Déploiements rapides
Les opérateurs affirment déjà avoir dépassé leurs objectifs de déploiement 5G sur trois ans en seulement six mois.
En moins de six mois après le premier lancement de la 5G dans le pays en octobre 2022, Airtel a couvert 500 villes avec son service 5G plus et Reliance Jio plus de 400 villes.
Le déploiement rapide ressort également de l’annonce d’Airtel qui prévoit désormais de couvrir toutes les zones urbaines de l’Inde avec la 5G d’ici septembre 2023, avant l’objectif initial de mars 2024.
Investissements réseau reflétés dans les hauts débits
Les dernières données d’Ookla montrent que les vitesses moyennes de la 5G se sont améliorées au fil du temps et sont encourageantes dans tous les cercles. Les données indiquent que Reliance Jio a atteint la vitesse médiane 5G la plus élevée à Kolkata à 506 Mb/s, tandis qu’Airtel a atteint 268,89 Mb/s à Delhi. Pour être juste, ces chiffres seront gonflés par une utilisation relativement faible à ce stade précoce. Quoi qu’il en soit, les chiffres sont toujours encourageants.
Numéros d’abonné
Selon certaines informations, l’Inde compte désormais 20 millions de connexions 5G sur Airtel et Reliance Jio et est sur la bonne voie pour atteindre 40 millions de connexions d’ici la fin de l’année.
Compte tenu des premiers services 5G lancés il y a six mois, les chiffres sont impressionnants. Celles-ci, cependant, représentent encore moins de 2 % du total des connexions mobiles et ont donc encore un long chemin à parcourir pour atteindre leur plein potentiel.
Qu’est-ce qui peut faire/défaire la croissance de la 5G en Inde ?
Il ne fait aucun doute que la croissance exceptionnelle de la 4G en Inde (avec près de 75 % des connexions mobiles sur LTE), combinée à de solides constructions de réseau, est de bon augure pour l’adoption de la 5G. Cependant, pour que cette adoption se produise, les fondations et les catalyseurs nécessaires doivent être en place. Sur la base des contributions de l’écosystème, les progrès dans les domaines énumérés ci-dessous peuvent renforcer ces fondations et permettre non seulement la croissance, mais également des opportunités de monétisation 5G.
- Répartition correcte du spectre sous licence et sans licence. Les opérateurs du pays sont unis dans leur déception face au traitement des services IoT sur le spectre sans licence par rapport au spectre sous licence, arguant que des exigences supplémentaires sur l’IoT cellulaire créent des conditions de concurrence inégales et compromettent leurs opportunités de croissance. La norme mondiale, bien sûr, autorise l’utilisation du spectre sans licence pour les services Wi-Fi, mais la dynamique en Inde est différente. (1) En Inde, les réseaux mobiles transportent plus de 80 % du trafic de données, avec une consommation moyenne mensuelle de 20 Go par utilisateur mobile en 2022, supérieure à la moyenne mondiale de 15 Go. (2) Le coût moyen du spectre payé en pourcentage des revenus est supérieur à la moyenne mondiale, ce qui fait de la dernière vente aux enchères en bande C de l’Inde en 2022 la deuxième plus chère. La vitesse et la qualité de ces réseaux mobiles sont directement liées à la disponibilité d’un spectre suffisant, harmonisé et contigu. Il est donc logique que les opérateurs indiens cherchent à accéder à plus de spectre dans les bandes sous licence par rapport aux bandes sans licence.
- Poursuivre l’argument du partage équitable. L’argument du partage équitable, mené principalement par l’ETNO en Europe, est attirant également l’attention de l’industrie indienne des télécommunications. Alors que l’une des principales entreprises technologiques a récemment fait valoir que les opérateurs revendiquent des marges d’EBITDA plus élevées que les entreprises technologiques, les opérateurs affirment que leurs marges nettes sont inférieures à celles des entreprises technologiques en raison des dépenses élevées en capital fixe sur le spectre, les réseaux et le D&A des immobilisations engagées dans le P&L après calculs de l’EBITDA. M. Vittal a récemment déclaré dans son discours d’ouverture au congrès ET 5G que le rendement du capital dans l’industrie des télécommunications est inférieur au rendement de l’argent conservé dans des dépôts bancaires sans tracas.
- Disponibilité (ou absence) de combinés compatibles 5G dans les segments abordables. Une préoccupation évidente soulevée était la rareté des combinés compatibles 5G à des prix inférieurs. L’Inde est un marché sensible aux prix, avec un ARPU moyen de 2 $ par rapport à une moyenne mondiale de 8 $. Il n’est donc pas surprenant qu’un grand pourcentage de la population mobile préfère les combinés à bas prix. Le succès de la 4G a été défini par une combinaison de couverture et de disponibilité de combinés abordables. Les retards dans le lancement ou la disponibilité de combinés abordables compatibles 5G entraveront les progrès de l’adoption de la 5G en Inde.
- Autonome et mmWave. D’une part, les opérateurs citent les écosystèmes à ondes millimétriques et autonomes encore en cours de maturation comme raison de la lenteur des progrès dans ces domaines. Les fabricants et les fournisseurs d’appareils, d’autre part, citent le manque de demande et de cas d’utilisation des opérateurs comme raison de la disponibilité limitée des appareils. Ce phénomène est mondial et ne se limite pas à l’Inde, mais est plus important pour l’Inde en raison de l’énorme opportunité de réseau privé en Inde estimée à 250 millions de dollars d’ici 2027. Les capacités du spectre mmWave et des réseaux autonomes ont été soulignées à de nombreuses reprises comme l’un des facilitateurs de réseaux privés à l’ère de la 5G ouvrant de nouvelles opportunités de monétisation. Quelle que soit la cause du retard, l’industrie doit intervenir et collaborer plus efficacement pour continuer à progresser sur ces fronts.
Tout compte fait, le marché indien des télécommunications a montré des signes précurseurs prometteurs de déploiement et d’adoption de la 5G, avec le potentiel de devenir l’un des principaux marchés à l’avenir si les défis évoqués ci-dessus sont relevés en temps opportun et que de bonnes fondations sont posées.
– Radhika Gupta – responsable de l’acquisition de données, GSMA Intelligence
Les opinions éditoriales exprimées dans cet article sont uniquement celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions de la GSMA, de ses membres ou membres associés.
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