Pemulwuy a si bien échappé à la mort aux mains des colonisateurs qu’il a résisté que son peuple en est venu à croire qu’il était en fait insensible au commandement.

Wikimédia CommonsUne gravure de Pemulwuy par Samuel John Neele.

Le combattant de la résistance aborigène connu sous le nom de Pemulwuy était un guerrier si robuste que son peuple en est venu à croire qu’il était insensible aux balles. Un colon britannique a même écrit que Pemulwuy avait « logé en lui, sous forme de balles, des limaces et des balles environ huit ou dix onces de plomb », et il a quand même réussi à abattre une trentaine de ses ennemis.

À la fin du XVIIIe siècle, il a mené des batailles de résistance de guérilla contre les colons européens envahissants sur ses terres en Australie et il a même réussi à conjurer la colonisation et la destruction de ses territoires – pendant un certain temps.

La résistance commence

Pemulwuy est né vers 1750 dans la région de Botany Bay en tant que membre d’une tribu aborigène des bois connue sous le nom d’Eora, du côté nord de la rivière Georges, en Nouvelle-Galles du Sud. Son nom vient du mot Darug pémulqui signifie terre ou argile.

Il en viendrait à souffrir à la fois d’un œil gauche et d’un pied gauche endommagés (dans un acte qui aurait pu être intentionnel dans le cadre d’un rite le marquant comme un homme capable de guérir et de rendre justice parmi son peuple – les récits varient). Néanmoins, il s’est avéré mortel avec une lance, une barbelée avec des pierres rouges attachées avec de la gomme d’arbre.

De telles compétences se sont rapidement avérées utiles car les Australiens autochtones de l’époque n’étaient pas très satisfaits de l’empiètement continu des colons blancs sur leurs terres. Ils les appelaient Gunin badaqui se traduit par « mangeur de merde ».

L’épithète semble être un euphémisme quand on considère que beaucoup ont pillé les terres aborigènes pour leur propre agriculture et ont même kidnappé des enfants aborigènes. Près de 1 500 colons étaient arrivés sur cette première flotte en Australie depuis l’Angleterre en 1787, ainsi que des animaux étrangers, des armes et des maladies. Selon certains témoignages, une épidémie mortelle de variole parmi les habitants de Pemulwuy en 1789 a été à l’origine de ces premiers accès de violence entre les indigènes et les européens.

Mais lorsque Pemulwuy a harponné le garde-chasse du gouverneur, John McIntyre, en 1790, les relations sont devenues vraiment sanglantes. McIntyre était l’un des trois condamnés nommés pour chasser le gibier une fois les provisions des colons épuisées. Il était « craint et détesté par le peuple Eora » et aurait commis des actes si horribles contre les aborigènes que ses collègues ont refusé de les enregistrer – et si horribles que Pemulwuy s’est senti justifié de le harponner à mort.

Les colons ont identifié Pemulwuy comme le coupable par les barbes caractéristiques trouvées dans la lance qui a tué McIntyre. Bientôt, le gouverneur Philip King a ordonné une expédition d’une cinquantaine d’hommes avec des hachettes et des sacs de tête pour tuer six hommes indigènes de la tribu de Pemulwuy et en capturer deux pour les exécuter.

En réponse à ce décret de violence, Pemuluwy a lancé sa propre série d’attaques contre les colons – quoique d’un type moins violent. Il s’est faufilé dans les petites colonies des colonisateurs, les a pillé pour se nourrir et saccagé leurs maisons.

La chasse à l’homme pour Pemulwuy

Wikimédia CommonsGouverneur Philip King de la Nouvelle-Galles du Sud, l’ennemi juré de Pemulwuy.

Après les hostilités, le gouverneur King a tenté une approche plus diplomatique et s’est entretenu avec Pemulwuy. Il l’implora : « Pemulwuy. Vous devez réaliser que les peuples du monde se forment en un certain nombre d’empires. Vous avez la chance d’avoir été sélectionné pour faire partie de l’Empire britannique. Et quand Pemulwuy est resté impassible, il a menacé le guerrier d’être  » anéanti « , ce à quoi Pemulwuy a solennellement répondu :  » Ou vous le serez, capitaine « .

« Cette terre vous déteste », Pemulwuy a dit« Même si vous nous tuez, ce pays vous méprisera. »

À ce stade, le gouverneur n’avait plus de patience pour Pemulwuy. Il préférait voir le guerrier mort plutôt que de supporter plus de résistance. Il a envoyé une équipe de recherche pour appréhender le guerrier, mais il n’a pu convaincre aucune des autres tribus de le livrer. Pendant des années, Pemulwuy échappait à la capture.

La bataille de Parramatta

Une diplomatie pacifique n’a pas pu être réalisée entre les colons et Pemulwuy. Il ne voulait tout simplement pas d’eux sur ses terres et la violence a donc continué. Pemulwuy a mené une violente révolte contre leur colonie à travers de multiples attaques. Il a harponné le bétail, brûlé des huttes, détruit des récoltes et attaqué des colons.

Au cours d’un raid de 1797 que Pemulwuy mena dans une ferme à Toongabbie, il fut blessé par sept coups de chevrotine à la tête et au corps. Il a été transporté à l’hôpital mais a réussi à s’échapper malgré un fer à repasser autour de la jambe.

Malgré ses blessures, Pemulwuy et une centaine d’autres guerriers ont rapidement pénétré dans les colonies de Parramatta et ont menacé de transpercer quiconque se mettrait en travers de leur chemin. Les soldats ont ouvert le feu et abattu au moins cinq hommes indigènes, dont Pemulwuy, qui a été blessé à la tête et au corps. Mais le grand guerrier a réussi à s’échapper et à persévérer encore une fois, amenant son peuple à croire qu’il était insensible au commandement.

Comme l’a dit le précédent gouverneur John Hunter en 1798 :

« Une idée étrange s’est trouvée prévaloir parmi les indigènes concernant le sauvage Pe-mul-way, qui devait très probablement lui être fatale à la fin. Lui et eux étaient d’avis que, du fait qu’il avait été fréquemment blessé, il ne pouvait pas être tué par nos armes à feu.

Le gouverneur King, cependant, avait la ferme intention de prouver que cette théorie était fausse. Il a offert une multitude de récompenses pour la mort ou la capture du guerrier, dont certaines comprenaient 20 gallons de rhum et deux paires de vêtements juste pour toute information. Malgré cela, même le gouverneur devait admirer l’esprit de Pemulwuy. Pemulwuy était « un terrible ravageur pour la colonie », le gouverneur a écritmais « c’était un personnage courageux et indépendant ».

En effet, Pemulwuy était un combattant si passionné qu’il convainquit même certains condamnés blancs de la colonie pénitentiaire des colons de se battre à ses côtés.

La mort de Pemulwuy

www.australianfrontierconflicts.com.auUn buste de Pemulwuy.

Néanmoins, le 2 juin 1802, Pemulwuy est enfin tué. Il a été abattu par un colon nommé Henry Hacking qui a été tenté par la récompense offerte par le gouverneur. Sa tête a été enlevée, conservée et renvoyée en Angleterre où elle a été stockée dans la collection du scientifique bien connu Sir Joseph Banks. Pendant un certain temps au 19ème siècle, la tête est restée au Royal College of Surgeons de Londres mais a depuis été perdue.

Personne ne sait où se trouve maintenant la tête du grand guerrier, mais de nombreux experts pensent qu’elle se trouve probablement dans le sous-sol d’un musée quelque part en Angleterre. « Il est tout à fait possible qu’il soit juste assis dans un tiroir ou une étagère quelque part », a déploré l’un de ces experts.

Mais si le sort de sa tête reste incertain, la puissance de son héritage ne l’est pas. Les aînés aborigènes ont approché le gouvernement britannique en 2010 dans le but de retrouver la tête de leur grand guerrier. Bien qu’ils n’aient pas encore eu de chance, peut-être que l’histoire de Pemulwuy pourrait finalement avoir une fin plus appropriée pour un guerrier aussi héroïque.

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