PARIS — L’Autorité de la concurrence française a infligé une amende de 593 millions de dollars à Google pour avoir prétendument enfreint les ordres de négocier des accords rémunérés avec des éditeurs d’informations, augmentant la pression sur l’entreprise dans une lutte mondiale pour savoir comment et si les entreprises technologiques devraient payer pour les informations.
Le régulateur français a déclaré que Google avait violé ses ordonnances d’avril 2020 selon lesquelles le
Alphabet Inc.
GOOG 0,76%
l’entreprise doit négocier avec les éditeurs le droit d’afficher des extraits de leur contenu dans ses résultats de recherche. Ces commandes sont intervenues à la suite de plaintes d’éditeurs selon lesquelles Google était contourner la mise en œuvre de la France d’une nouvelle directive de l’Union européenne sur le droit d’auteur.
Google a depuis conclu des accords payants avec certains éditeurs de presse français, tels que Le Monde et Le Figaro, mais pas avec d’autres comme l’Agence France-Presse.
Isabelle de Silva, chef de l’Autorité de la concurrence, a déclaré l’amende—parmi les plus grosses amendes du régulateur français ces dernières années—prend en compte la «gravité exceptionnelle» des violations alléguées.
« Lorsque l’Autorité impose des arrêtés aux entreprises, celles-ci sont tenues de les appliquer scrupuleusement, en respectant leur lettre et leur esprit. Dans ce cas, malheureusement, ce n’était pas le cas », a déclaré Mme de Silva.
« Nous sommes très déçus de cette décision », a déclaré une porte-parole de Google. « Nous avons agi de bonne foi tout au long du processus. L’amende ignore nos efforts pour parvenir à un accord et la réalité du fonctionnement de l’information sur nos plateformes. »
Mais l’entreprise a également indiqué vouloir « tourner la page avec un accord définitif. Nous prendrons en compte le retour d’expérience de l’Autorité de la concurrence et adapterons nos offres.
La décision française est la dernière flambée d’une bataille mondiale qui mijote et parfois bouillonne depuis plus d’une décennie, avec des désaccords sur ce que, le cas échéant, les éditeurs devraient être payés lorsque leurs nouvelles sont disponibles via des plateformes technologiques.
Les éditeurs soutiennent que l’actualité est une grande attraction pour Google et d’autres entreprises technologiques, et qu’elles méritent donc une part des revenus des entreprises. Les entreprises technologiques ont longtemps répondu qu’elles envoyaient déjà aux éditeurs des dizaines de milliards de visites de sites Web chaque mois, et que les liens gratuits étaient la pierre angulaire d’Internet. Mais maintenant, avec plus de lois comme la Directive de l’Union européenne sur le droit d’auteur de 2019 étant adoptés, ils concluent également de plus en plus d’offres rémunérées.
En février, L’Australie a adopté une loi qui a des éléments similaires à la directive de l’UE
à supprimer les actualités de sa plateforme dans le pays pendant cinq jours avant de faire marche arrière après avoir remporté quelques concessions.
Google s’est d’abord opposé à la loi australienne. Mais il a par la suite conclu un certain nombre d’accords de contenu avec des éditeurs, notamment un accord de février avec
qui possède le Wall Street Journal.
Dans sa décision de mardi, l’autorité française s’est concentrée sur une poignée de violations spécifiques présumées de Google de ses commandes de 2020, notamment en poussant les éditeurs à signer des accords pour un nouveau produit appelé News Showcase, sans paiements distincts pour les actualités dans les résultats de recherche généraux. Le régulateur a également accusé Google de ne pas autoriser les agences de presse, telles que l’AFP, à demander le paiement de ses articles parus sur les sites Web d’autres médias qui apparaissent dans les résultats de recherche Google. Et il a déclaré que Google n’avait pas fourni suffisamment d’informations aux éditeurs pour évaluer les revenus qu’ils devraient recevoir.
L’autorité a déclaré que les éditeurs français peuvent désormais demander à Google de nouveaux accords conformes à la loi française, et a menacé d’amendes de 356 000 $ par jour pour chaque accord qui n’est pas conclu dans les deux mois suivant la demande formelle de l’éditeur.
Google a déclaré mardi que la décision française concernait principalement la période avant septembre 2020, et que depuis lors, elle a conclu des accords avec plusieurs éditeurs français et est en pourparlers avec d’autres. Google a également déclaré qu’il était « sur le point de finaliser » un accord global avec l’AFP qui inclut une rémunération.
Une porte-parole de l’AFP n’a pas immédiatement répondu à une demande de commentaire.
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