Au moment d’incarner la planification écologique, quel Emmanuel Macron se présentera devant les Français ? Celui de la scène internationale, porte-drapeau de la cause climatique, défenseur d’un arrêt de l’exploitation du pétrole « bien avant 2050 » et pourfendeur de la prudence de ses homologues ? Ou celui de la scène nationale, répétant par deux fois devant le youtubeur HugoDécrypte, lundi 4 septembre, que la France ne représente « que 1 % des émissions mondiales »l’argument souvent répété par ceux qui veulent freiner les mesures de diminution des émissions de gaz à effet de serre ?
A quelques jours de discours importants, associations, scientifiques et politiques sont partagés. « Il ne s’exprime quasiment jamais sur cette question. Il y a comme un refus d’obstacle de sa part »cingle Anne Bringault, coordonnatrice des programmes au Réseau Action Climat (RAC). « Ce sera un moment essentiel, celui où l’on érige le climat en dossier prioritaire de la rentrée »veut croire Jean-Marc Zulesi, président (Renaissance) de la commission du développement durable de l’Assemblée nationale.
Sur ce dossier tentaculaire, l’exécutif va se dévoiler en deux temps. D’abord avec la présentation par la première ministre, Elisabeth Borne, de la feuille de route du gouvernement sur la planification écologique aux chefs de parti, lundi 18 septembre. Même exercice le lendemain devant les participants au Conseil national de la refondation.
Une semaine plus tard, lundi 25 septembre, Emmanuel Macron réunira les forces politiques, les syndicats, les associations dans un format élargi avec des débats ouverts. Il prendra la parole pour conclure cette journée de travail, puis lors de plusieurs déplacements consacrés à ce sujet avant la fin de l’année.
« Un plan sans précédent », selon l’Elysée
Cette séquence censée incarner la politique climatique, prévue une première fois le 5 juillet puis reportée à cause des émeutes, permettra de créer « un élan autour d’un sujet stratégique, de long terme, fruit de mois de travail pour élaborer un plan sans précédent dans notre histoire »affirme l’Elysée.
Les mots de l’exécutif sont très attendus. Ne cessant de répéter l’urgence, la plupart des spécialistes du climat ne comprennent pas l’attitude du chef de l’Etat. Jeudi, le RAC a publié le bilan des émissions françaises de CO₂ en 2022, réalisé par l’Observatoire climat-énergie. En émissions nettes, la France dépasse la trajectoire prévue par la stratégie nationale bas carbone de 20 millions de tonnes de CO₂ et elle reste en retard sur le développement des énergies renouvelables, avec une part de 20,7 % dans la consommation finale d’énergie au lieu des 24,3 % prévus par la programmation pluriannuelle de l’énergie.
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