Dans une récente étude transversale publiée dans la revue Fertilité et stérilité, des chercheurs suisses ont étudié l’association entre l’utilisation déclarée du téléphone portable et la qualité du sperme chez de jeunes hommes suisses. Ils ont découvert qu’une utilisation accrue des téléphones portables est associée à une réduction de la concentration et du nombre total de spermatozoïdes (TSC) dans le sperme.

Étude : Association entre l'utilisation autodéclarée du téléphone portable et la qualité du sperme des jeunes hommes.  Crédit d'image : SeaRick1/ShutterstockÉtude: Association entre l’utilisation autodéclarée du téléphone portable et la qualité du sperme du jeune moin. Crédit d’image : SeaRick1/Shutterstock

Arrière-plan

L’infertilité touche environ 17 % des couples dans le monde, et environ 50 % des cas sont imputables au partenaire masculin. Bien que la cause d’une mauvaise qualité du sperme reste encore à comprendre, divers facteurs tels que l’obésité, la consommation d’alcool, le tabagisme et le stress sont connus pour être associés à une diminution du nombre de spermatozoïdes.

Des études expérimentales et observationnelles ont montré que l’augmentation alarmante de l’utilisation des téléphones portables et l’exposition conséquente aux champs électromagnétiques de radiofréquence (RF-EMF) affectent la santé reproductive des hommes en termes de nombre de spermatozoïdes, de morphologie, de motilité et de viabilité. Cependant, ces études sont peu nombreuses et comportent divers biais préoccupants. C’est pourquoi les chercheurs ont mené une étude transversale examinant l’association potentielle entre les paramètres du sperme, l’utilisation du téléphone portable et la position lorsqu’il n’est pas utilisé chez de jeunes hommes suisses entre 2005 et 2018.

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À propos de l’étude

Dans la présente étude, 5 605 hommes âgés de 18 à 22 ans ont été interrogés dans six centres du pays à l’aide de questionnaires concernant leur santé et leur mode de vie ainsi que la période préconceptionnelle de leurs parents. Les hommes ont également été interrogés sur la durée et la fréquence d’utilisation du mobile (rarement, quelques fois par semaine, 1 à 5 fois par jour, 5 à 10 fois par jour, 10 à 20 fois par jour, >20 fois par jour) et l’endroit où ils ont conservé le téléphone (dans la poche d’une veste, d’un pantalon, d’un porte-ceinture ou ailleurs) lorsqu’il n’est pas utilisé.

Au total, 2 866 hommes ont été examinés physiquement pour leur anatomie génitale, leur volume testiculaire, leur poids et leur taille, et ils ont fourni des échantillons de sperme à l’étude. L’analyse du sperme a été effectuée sur la base des directives de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) pour déterminer la quantité de sperme. concentration, TSC, motilité et morphologie. L’analyse statistique comprenait l’utilisation du test de Kruskal-Wallis, du test du chi carré et de modèles de régression logistique et linéaire ajustés. De plus, une analyse de sensibilité a également été réalisée en excluant les hommes atteints d’azoospermie (1 %).

Résultats et discussion

Il a été constaté que les hommes ayant une fréquence d’utilisation plus élevée du mobile étaient légèrement plus jeunes (19 ans) et avaient un indice de masse corporelle plus élevé (IMC = 22,8 kg/m).2) par rapport aux hommes ayant une fréquence d’utilisation mobile plus faible (IMC = 21 kg/m2, 20 ans). Il est intéressant de noter que si 56,5 % des hommes utilisaient leur téléphone portable moins d’une fois par semaine entre 2005 et 2007, cette proportion est tombée à 5 % entre 2015 et 2018.

Les hommes utilisant des téléphones portables à haute fréquence (> 20 fois par jour) ont présenté une réduction de 21 % de la concentration de spermatozoïdes et une diminution de 22 % du TSC par rapport à ceux qui utilisaient rarement (moins d’une fois par semaine) des téléphones portables. Des tendances exposition-réponse significatives ont été observées sur toute la plage d’exposition chez ce groupe d’hommes. De plus, ces hommes présentaient également un risque plus élevé d’avoir une concentration de spermatozoïdes et de TSC inférieure à la valeur de référence de l’OMS pour les hommes fertiles. La probabilité d’avoir une concentration de spermatozoïdes inférieure à celle de référence de l’OMS était significativement plus élevée chez les hommes utilisant un téléphone portable 5 à 10 fois par jour que chez ceux qui l’utilisaient rarement au cours de la journée ou de la semaine (rapport de cotes ajusté = 1,409). Les résultats semblaient inchangés même lorsque les hommes atteints d’azoospermie étaient exclus de l’étude. Il est intéressant de noter que l’association entre la concentration de spermatozoïdes et l’utilisation du téléphone portable s’est avérée plus forte entre 2005 et 2007 et progressivement réduite au cours des périodes 2008-2011 et 2012-2018. Le volume de sperme, la morphologie et la motilité des spermatozoïdes ne sont pas associés à la fréquence d’utilisation mobile.

Environ 85,7 % des hommes inclus rangeaient leur téléphone portable dans les poches de leur pantalon (lorsqu’ils ne l’utilisaient pas). Cependant, les paramètres de qualité du sperme ne sont pas affectés par la position du téléphone portable lorsqu’il n’est pas utilisé.

Il s’agit de l’étude la plus approfondie évaluant l’effet de l’exposition aux RF-EMF par téléphone portable sur la qualité du sperme. Les résultats sont encore renforcés par le fait que l’échantillon d’hommes étudié provenait d’une population générale dont l’état de fécondité était inconnu. Cependant, l’étude présente quelques limites. Il n’a pas évalué l’absorption quotidienne des RF-EMF et s’est appuyé uniquement sur les données autodéclarées pour étudier l’utilisation mobile. De plus, les caractéristiques du téléphone, telles que sa marque, le nombre d’applications, la qualité du réseau, l’utilisation d’accessoires pour les oreilles et la puissance de sortie, n’ont pas été enregistrées.

Conclusion

Compte tenu de l’augmentation spectaculaire de l’utilisation du téléphone portable à l’échelle mondiale, les résultats de cette étude fournissent des informations essentielles sur l’effet d’une exposition accrue aux RF-EMF sur la santé reproductive des hommes. À l’avenir, mener des études prospectives mesurant avec précision l’exposition aux RF-EMF pourrait aider à comprendre le mécanisme d’action qui sous-tend ces effets.

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