NEW DELHI, 8 novembre (Reuters) – Samsung et Qualcomm font partie de ceux qui s’opposent au choix technologique de l’Inde pour diffuser des émissions de télévision en direct sur les smartphones, arguant que les modifications matérielles nécessaires augmenteraient le coût d’un appareil de 30 dollars, selon des lettres examinées par Reuters.
L’Inde envisage une politique visant à rendre obligatoire l’équipement des smartphones avec du matériel permettant de recevoir des signaux de télévision en direct sans avoir besoin de réseaux cellulaires. Il a proposé d’utiliser la technologie dite ATSC 3.0, populaire en Amérique du Nord, qui permet une géolocalisation précise des signaux de télévision et offre une qualité d’image élevée.
Les entreprises affirment cependant que leurs smartphones existants en Inde ne sont pas équipés pour fonctionner avec ATSC 3.0, et tout effort visant à ajouter cette compatibilité augmentera le coût de chaque appareil de 30 $ car davantage de composants doivent être ajoutés. Certains craignent que leurs projets de fabrication existants puissent être compromis.
Dans une lettre conjointe adressée au ministère indien des Communications, Samsung, Qualcomm et les fabricants d’équipements de télécommunications Ericsson et Nokia ont déclaré que l’ajout de la diffusion directe sur mobile peut également dégrader les performances de la batterie des appareils et la réception cellulaire.
« Nous ne trouvons aucun intérêt à faire progresser les discussions sur l’adoption de cette mesure », indique la lettre datée du 17 octobre et consultée par Reuters.
Les quatre sociétés et le ministère indien de la Communication n’ont pas répondu aux demandes de commentaires. La proposition est encore en délibération et pourrait être modifiée, et il n’y a pas de calendrier fixe pour sa mise en œuvre, selon une source directement informée.
La diffusion numérique de chaînes de télévision sur smartphones a connu une adoption limitée dans des pays comme la Corée du Sud et les États-Unis. Selon les dirigeants, il n’a pas gagné du terrain en raison du manque d’appareils prenant en charge la technologie.
Cette réaction politique est la dernière en date de la part des entreprises opérant dans le secteur indien des smartphones. Ces derniers mois, ils ont repoussé la décision de l’Inde de rendre les téléphones compatibles avec un système de navigation maison et une autre proposition visant à mandater tests de sécurité pour les combinés.
Pour le gouvernement indien, les fonctionnalités de diffusion télévisée en direct constituent un moyen de réduire la congestion des réseaux de télécommunications due à une consommation vidéo plus élevée.
L’India Cellular and Electronics Association (ICEA), un groupe de pression de fabricants de smartphones qui représente Apple et Xiaomi ainsi que d’autres sociétés, s’est opposée à cette décision en privé dans une lettre datée du 16 octobre, affirmant qu’aucun fabricant majeur de téléphones dans le monde ne prend actuellement en charge l’ATSC 3.0.
Samsung arrive en tête du marché indien des smartphones avec une part de 17,2 %, suivi par Xiaomi avec une part de 16,6 %, selon le cabinet d’études Counterpoint. Apple en détient 6%.
« L’inclusion de toute technologie qui n’est pas éprouvée et qui n’est pas globalement acceptable (…) fera dérailler le rythme de la fabrication nationale », indique la lettre de l’ICEA, examinée par Reuters.
Reportage de Munsif Vengattil; Montage par Aditya Kalra et Raju Gopalakrishnan
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