LE SEXE SELON MAÏA

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Il y a encore vingt ans, l'idée de décrocher son téléphone pendant un rapport sexuel faisait figure de gag dans les comédies romantiques, par exemple dans L'amour en fait (réalisé par Richard Curtis en 2003), un classique du genre.

Mais comme souvent, la réalité finit par dépasser la fiction. Selon un sondage publié en novembre sur le site SellCell, 54 % des gens préfèrent la compagnie de leur smartphone à celle de leur partenaire, et 49 % regardent leur appareil pendant un rendez-vous amoureux. Et, pixel sur le gâteau, donc : 12 % ont déjà interrompu un rapport sexuel pour vérifier quelque chose sur leur téléphone (17 % des femmes, contre 7 % des hommes).

Quoi qu'on pense de ces manquements aux règles élémentaires de la politesse, ces chiffres sont symptomatiques de l'irruption de la technologie dans notre lit : non seulement nous dormons avec nos smartphones, mais nous faisons l'amour à leur proximité… Et bien souvent sous leur influence (si nous rechignons même à l'admettre).

Les premiers smartphones sont apparus en 2007 : voici plus de quinze ans que nos couples comportent un troisième membre – dont la capacité d'envahissement semble inversement proportionnelle à la taille, puisque nous le consultons des dizaines, voire des centaines de fois par jour. Selon ll'Insee, 77 % des Français possèdent un smartphone, et 94 % des 15-29 ans. La consultation des informations, des messageries et des réseaux sociaux rythme notre existence, du matin au soir, bien souvent avant toute autre activité (êtes-vous en train de lire cette chronique au lit ? Avez-vous dit bonjour à la personne qui partage votre quotidienne ?).

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Esquiver l'œil du conjoint

S'il fallait qualifier les révolutions intimes induites par le smartphone, il devrait commencer par le mot « privatisation ». Rien à voir avec les autoroutes : on parle ici de vie privée, puisque le smartphone (compact, glissé dans la poche, protégé par un code et souvent par une reconnaissance faciale) est un espace où la sexualité échappe au regard du public – et donc , à son jugement. Ce qui n'est pas anodin quand on parle d'un sujet aussi tabouque le sexe.

Prenons le cas de la recherche de nouveaux partenaires : la sociologue Marie Bergström a démonstration, dans son essai Les Nouvelles Lois de l'amour (La Découverte, 2019), que l'utilisation des applications de rencontre autorise une totale étanchéité entre les aventures sexuelles et les cercles de sociabilité que sont le travail, les études, les amis ou la famille. Pour peu que vous rencontriez des inconnus à bonne distance de votre quartier habituel, personne ne l'apprendra jamais… Donc personne ne vous demandera de rendre des comptes. Cette invisibilité constitue un réel avantage pour les femmes, enfin débarrassées de la stigmatisation liée à la mauvaise réputation.

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