Dans cette chronique France Culture de Numerama, on explore la notion de ville après la fin du monde. Avec l'exemple de Le dernier d'entre nous.
Le dernier d'entre nous est politique. Vous avez sûrement entendu parler de cette œuvre, tant c'était « le » hit des séries télés du début d'année, une œuvre HBO avec Pedro Pascal et Bella Ramsey. Elle est elle-même adaptée du jeu vidéo à succès du même nom. On est dans une Amérique post-apocalyptique, qui s'est effondrée à la suite d'une pandémie zombie — on parle plutôt d'infecté dans cette œuvre, mais cela reste des zombies bien effrayants à affronter.
La particularité, c'est que l'histoire est saisissante de bout en bout à travers un lien humain très fort : Joel est chargé d'escorter et de protéger une jeune adolescente de 14 ans, Ellie, à travers cette Amérique post-apocalyptique ultra dangereux. Car Ellie pourrait être la clé médicale de ce cauchemar.
Que reste-t-il des villes dans ce monde effondré ?
Le jeu et la série sont fidèles à l'esthétique post-apocalyptique : les villes sont abandonnées, comme stoppées en plein élan. On traverse des bâtiments en ruine, les intérieurs des commerces et des habitations ne sont plus que vestige de vies passées — et d'une société passée. Les villes sont risquées d'ailleurs, le danger peut survenir de partout.
Ce qui est intéressant, c'est que Le dernier d'entre nous adopte le format du road trip, et c'est récurrent dans le genre post-apo : les personnages sont en mouvement constant. En face, à l'effondrement des villes, une forme de nouveau nomadisme.
Malgré tout, dans les fictions post-apo, la fin des grandes villes telles qu'on les connaît n'est pas la fin du collectif. Dans Le dernier d'entre nous, il y a notamment une petite communauté entièrement autonome, Jackson. Voilà la description qui en est faite dans la série, lors d'un dialogue à l'arrivée dans le village :
Ellie : Et donc, c'est toi qui commande ici ? Marie : Non, il n'y a personne qui commande. Je fais parti du conseil, élu démocratiquement et au service des 300 personnes vivantes ici, enfants inclus. Tout le monde y met du sien. On alterne les patrouilles, la cuisine, l'entretien, la chasse, les récoltes Tommy : Tout ce que vous voyez ici, les plantations, le bétail, on partage tout. En propriété collective Joël : Ouais, en gros, c'est du communisme. Tommy : Non, rien à voir. Marie : C'est exactement ce qu'on est, une communauté, on est communistes.
La fiction post-apocalyptique n'est pas une fiction apocalyptique. En réalité, le post-apo a cet instinct d'un monde d'après : quand on envoie valser toutes les bases de notre société, comment vit-on ? C'est pour ça que j'affirmais, en début de chronique, que Le dernier d'entre nous est politique. La notion de ville, c'est aussi celle de « vie de la cité », ou commenter s'organiser pour donner du sens.
Quand on parle de ville futuriste, on imagine souvent de grands bâtiments toujours plus haut, toujours plus gris, toujours plus technologiques — plus intelligent. Mais la SF imagine aussi d'autres modes de vie : ce qui part, ce qui perdre et ce qui est créé de nouveau.
Dans Station onzeroman post-apo culte d'Emily St John Mandel (Adapté en série TV), en costume une symphonie itinérante. Ou, dans La Ville peu de temps après de Pat Murphy, sur des artistes qui reconstruisent une petite utopie après l'effondrement. Dans le road trip post-apo La Routele récit est celui d'un père et son fils, soudés.
L'un des enseignements du post-apo, c'est un rappel que nous sommes les villes, que le fondement principal de l'humanité, c'est le collectif, dont aucune forme n'est inéluctable.
Le Meilleur des Mondes en replay
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