L’écrivain est directeur général du Centre d’études politiques européennes à Bruxelles

Alors que le monde de la cryptographie traverse une nouvelle crise, il est clair qu’une surveillance réglementaire plus stricte des actifs numériques est nécessaire.

L’UE mettra bientôt en place un cadre réglementaire spécifique pour les crypto-monnaies et les marchés. Cette décision intervient alors que les actifs numériques plongent et qu’une crise a englouti certains des plus grands «stablecoins» du monde.

Les crypto-monnaies sont devenues populaires malgré le fait qu’elles sont très peu ou pas surveillées. Qu’il s’agisse de schémas de Ponzi, d’obus de blanchiment d’argent ou de pièces stables liées à des actifs du monde réel, il est difficile pour les investisseurs ou les utilisateurs ordinaires de savoir qui est quoi. Où ils sont basés, comment ils sont organisés et qui les soutient est souvent une énigme. C’est une source de préoccupation.

Mais il y a des raisons pour lesquelles les propositions de l’UE ne sont pas le bon remède. Selon la réglementation prévue, seules les crypto-monnaies autorisées dans le bloc peuvent être proposées aux investisseurs. Mais les crypto-actifs et les échanges auront un régime de surveillance très léger, bien inférieur à ce qui est en place pour les instruments financiers et autres échanges. Cela soulève la question de savoir pourquoi des règles distinctes sont nécessaires.

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L’industrie est divisée en trois formes différentes dans la proposition de loi européenne sur les marchés des crypto-actifs : les jetons non fongibles (NFT) ou gadgets virtuels ; les stablecoins, dont la valeur est censée être liée à un actif du monde réel ; et les monnaies numériques, qui représentent toujours un taux de change fixe par rapport à une devise forte.

Les monnaies numériques ne peuvent être émises que par des banques ou des entreprises fintech qui ont déjà une licence pour le faire, tandis que les émetteurs de pièces stables doivent avoir un niveau minimum de réserves.

L’UE est la première organisation internationale à proposer un cadre réglementaire spécifique. Certains États membres ont déjà une législation spéciale pour les jetons et la cryptographie, mais il n’y a pas d’accord à ce sujet au niveau multinational. En dehors du bloc, des pays comme le Royaume-Uni et les États-Unis et des territoires comme Hong Kong hésitent à imposer des règles spécifiques et à appliquer la législation existante sur les valeurs mobilières.

Cela a conduit à un cadre flou pour un produit numérique qui est devenu un phénomène international. Les consommateurs n’ont actuellement qu’une faible idée de leurs droits à la protection ou à la réparation, surtout si les transactions ont lieu en dehors de l’UE.

Les crypto-monnaies non européennes, telles que le bitcoin et l’éthereum, devront s’enregistrer sous l’un de ces formulaires pour être admises sur le marché de l’UE. Un système de reconnaissance mutuelle est peu probable, étant donné que les réglementations varient trop largement d’un pays à l’autre. Le poids des risques sera supporté par le consommateur, qui ne verra aucune différence entre la crypto européenne ou internationale, mais sera toujours assiégé sur les réseaux sociaux avec des publicités pour des cryptos non réglementés, voire des escroqueries pures et simples.

La proposition Mica de l’UE soulève bien d’autres problèmes. La surveillance est très limitée et partagée entre les régulateurs nationaux ou européens. Selon les règles proposées, il est beaucoup plus facile de démarrer un échange cryptographique qu’un échange traditionnel, qui est régi par le règlement des marchés financiers européens connu sous le nom de Mifid.

Les dispositions contre les manipulations de marché et les délits d’initiés sont très légères, difficilement comparables à la législation européenne existante. Et les normes comptables et les règles fiscales pour les sociétés de cryptographie n’existent pas. D’autre part, certains pays de l’UE appliquent également la protection des consommateurs ou la réglementation du marché existante à la publicité cryptographique. Comment cette interaction fonctionnera-t-elle dans la pratique reste une grande question.

L’UE aurait mieux fait d’envisager la cryptographie dans le cadre des lois existantes, plutôt que de créer un nouveau cadre réglementaire. Cela signifie appliquer Mifid pour les crypto-actifs, en les considérant comme des instruments financiers. La monnaie électronique ou les règles bancaires pourraient être utilisées pour la monnaie numérique. Les NFT ne nécessitent pas de règles distinctes, mais peuvent être couverts par la législation existante sur la consommation ou la propriété intellectuelle.

Les règles du marché et de conduite des affaires devraient s’appliquer quel que soit l’emballage. Les start-up du secteur de la cryptographie diront que cela rendra le marché peu attractif, mais pourquoi devraient-elles être soumises à une surveillance plus légère pour leurs opérations financières ?

Un cadre international est nécessaire pour réglementer la cryptographie avec une approche commune. Diverses approches réglementaires permettent un arbitrage réglementaire et une course vers le bas, où les fournisseurs sont les gagnants et les investisseurs les victimes. Et une sphère cryptographique non réglementée ne fait qu’encourager l’incompréhension et l’abus potentiel d’une innovation fondamentalement intéressante.

Il est encore plus important d’informer correctement les consommateurs des dangers d’investir dans la cryptographie et de la nécessité de faire la distinction entre les stratagèmes frauduleux et les bien intentionnés.

Vidéo : Faits saillants du sommet FT sur la cryptographie et les actifs numériques | FT en direct
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Violette Laurent est une blogueuse tech nantaise diplômée en communication de masse et douée pour l'écriture. Elle est la rédactrice en chef de fr.techtribune.net. Les sujets de prédilection de Violette sont la technologie et la cryptographie. Elle est également une grande fan d'Anime et de Manga.

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